En région de montagne, l’ingénieur-biologiste doit faire face à un certain nombre de contraintes dans la conception et la réalisation d’aménagements végétaux, à plus forte raison lorsqu’ils sont dans un contexte de berges de cours d’eau.
Composantes du relief
La notion de montagne renvoie à celle de relief et ses deux composantes principales, l’altitude et la pente.
Les caractères généraux du climat de montagne liés à l’altitude (diminution des températures ; accroissement des précipitations et de la couverture nivale; augmentation de l’insolation ; brièveté de la période de végétation ; gel tardif) ou au modelé topographique (influence de l’exposition), entraîne un tri écologique des êtres vivants et notamment des végétaux, suivant leur physiologie.
La pente, qui détermine une géomorphologie particulière liée à la gravité (érosion et entraînement des matériaux; ruissellement des eaux ; avalanches ; mouvements de terrain ; dépôts de terrains remaniés) représente également une contrainte forte pour l’installation et la pérennité des plantes.
Situation en tête de bassin
On peut distinguer, dans les systèmes fluviaux, plusieurs zones fondées sur des critères géomorphologiques. Les cours d’eau de montagne sont placés en tête de bassin et se caractérisent par un chenal de pente forte et un tracé en plan relativement stable. Il s’agit donc avant tout d’une zone d’érosion et de production de sédiments caractérisée par des vallées étroites à pentes fortes. En matière de transport solide, le calibre et le volume de la charge de fond sont importants.
Mobilité du lit
Plus en aval, la pente diminue mais reste suffisante pour assurer le transit de la charge grossière. Le tressage se développe alors lorsque la charge de fond est abondante et lorsque le régime hydrologique est caractérisé par de forts pics de crue. Mais le volume de matériaux temporairement stockés devient parfois considérable en raison de la proximité des zones de sources sédimentaires. Les cours d’eau tressés sont à chenaux multiples, peu sinueux et présentent une forte instabilité (lit mobile).
Régime nival
En région de montagne, le régime hydrologique, caractérisé par des variations saisonnières de débit, est fortement influencé par la fonte des neiges. Il en résulte donc des crues printanières et estivales, intervenant en pleine période de végétation.
Ecoulement torrentiel
Le régime hydraulique torrentiel est très précisément défini par le nombre de Froude (Fr) qui joue un rôle fondamental pour caractériser les écoulements (William Froude, 1818-1879, ingénieur, hydrodynamicien et architecte naval britannique). Ce nombre sans dimension dont le carré représente le rapport de l’énergie cinétique du liquide en mouvement à l’énergie potentielle de la pesanteur, détermine si l’on est en présence d’un régime hydraulique fluvial, critique ou torrentiel.
Où :
v = vitesse du courant [m/s]
g = accélération de la pesanteur ou gravité [m/s2]
h = hauteur d’eau [m]
Si Fr < 1 => régime fluvial
Si Fr = 1 => régime critique
Si Fr > 1 => régime torrentiel
Il existe d’autres définitions assez généralement admises des rivières et des torrents, notamment celle de Bernard en 1925 :
sont qualifiés de rivières les cours d’eau dont la pente est inférieure à 1% ;
les rivières sont torrentielles lorsque leur pente est comprise entre 1% et 6% ;
au-delà de 6%, les cours d’eau sont appelés torrents.
Les rivières dites torrentielles présentent plutôt un écoulement de type fluvial, avec des passages torrentiels au droit des seuils naturels ou des cascades[/b]. C’est là l’originalité des rivières de région montagnarde, à savoir leur grande diversité de faciès d’écoulement et notamment l’alternance seuil-mouille, les seuils prenant des formes variées (cascades, rapides à blocs, bancs de galets,…).