Le génie végétal consiste en la construction d’ouvrages mettant en œuvre des végétaux. Ce terme est généralement associé aux ouvrages de lutte contre l’érosion, notamment en rivières. Il se définit ainsi comme l'utilisation de plantes, ou parties de celles-ci, pour résoudre les problèmes de l'ingénieur dans les domaines mécaniques de la protection contre l'érosion, de la stabilisation et de la régénération des sols (1).
Présentation générale
Le génie végétal a fréquemment un double objectif : associer à ces fonctions de protections contre l’érosion, les fonctions écologiques propre aux milieux naturels (accueil de la biodiversité, auto-épuration, etc.) (2).
Il s’agit d’une science hybride faisant appel à des connaissances diverses comme l’écologie et la physiologie végétale, la pédologie, mais aussi à des domaines relatifs au fonctionnement du cours d’eau comme l’hydrologie ou l’hydrogéomorphologie. Des compétences techniques propres à l’ingénierie sont également nécessaires pour le dimensionnement des ouvrages ou la mise en œuvre du chantier (3 & 4).
Le génie végétal utilise les aptitudes biologiques, physiologiques et physiques des plantes pour apporter des solutions techniques à des problèmes de protection des sols et plus particulièrement de lutte contre l’érosion. Intégrés dans des aménagements ou des ouvrages spécifiques, les végétaux produisent à de nombreux niveaux, des effets positifs dans la protection des sols, notamment grâce à leur fonction d’ancrage.
Ces techniques sont utilisées dans le domaine de la protection contre les crues, lorsque l’occupation des berges et des rives induit de réels enjeux sécuritaires et/ou économiques (infrastructures, bâtiments, etc). A la gestion des risques, elles associent la gestion durable du cours d’eau, notamment dans un souci de conservation des ses fonctionnalité écologiques et de la biodiversité, tout en soignant l’ intégration paysagère des ouvrages, dans le milieu alluvial(5).
Démarche préalable
Pour atteindre ces nombreux objectifs, le génie végétal a pour principe de chercher à reproduire par l’aménagement, des modèles naturels de formations végétales exposées à des contraintes physiques fortes (forces d’arrachement, charriage, ensevelissement partiel, etc.). La berge restaurée selon ce principe, en plus de résister aux contraintes locales, sera pleinement intégrée à son environnement (2). On cherche ainsi à conserver voire retrouver les fonctionnalités de l’écosystème (p.ex. corridor biologique pour la circulation des espèces animales et végétales) et la biodiversité, particulièrement importante dans les milieux alluviaux.
Les protections de berges d’une manière générale et les ouvrages de génie végétal en particulier ne doivent pas être installés de manière systématique dans les zones d’érosion. Il s’agit d’un outil à disposition du gestionnaire présentant de nombreux avantages et qui, dans certaines situations, donne satisfaction. Mais ce n’est pas une fin en soi. En effet, l’érosion des cours d’eau constitue un phénomène naturel qui contribue largement à sa richesse biologique et à l’équilibre de son transport solide.
D’une part, l’érosion va conduire au rajeunissement et à la création de nouveaux milieux et ainsi favoriser la diversité des habitats dans le lit majeur de la rivière.
D’autre part, les phénomènes d’érosion vont permettre d’alimenter le cours d’eau en transport solide sous la forme de sédiments. Ce dernier point est fondamental pour l’équilibre de l’hydrosystème fluvial. En effet, le cours d’eau est parfois en déficit de charge solide, et faute de pouvoir éroder les berges si celles ci sont trop bien protégées, il risque d’éroder le fond de son lit. Et lorsque ce phénomène appelé également incision s’exprime, les conséquences peuvent être lourdes, notamment en ce qui concerne le déchaussement des ouvrages de franchissement ou de protection, la baisse du niveau de la nappe phréatique, la banalisation de la composition de la végétation riveraine (les formations mésophiles remplacent progressivement les formations hygrophiles typiques) ou encore la simplification de l’habitat de la faune aquatique(6).
Exemples de réalisation
Exemple de génie végétal
Exemple de technique mixte
Exemple d'ouvrage bois
En construction !
Références
1. Lachat, B. (1995). Confortement des berges et génie végétal. In Les rencontres du conservatoire "Berge et ripisylve" (affluents, C.r.d.r.d.l.L.e.d.s., ed), Cahier du conservatoire
2. Adam, P. & al. (2008). Le génie végétal, Un manuel technique au service de l'aménagement et de la restauration des milieux aquatiques. Ministère de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables
3. Evette, A. & Frossard, P.A. (2009). Les végétaux ont du génie. Espaces Naturels 26, 35-37
4. Lachat, B. (1994). Guide de protection des berges de cours d'eau en techniques végétales. Ministère de l'Environnement
5. Frossard, P.A. & Evette, A. (2009). Le génie végétal pour la lutte contre l’érosion en rivière : une tradition millénaire en constante évolution. Ingénieries - Eau Agriculture Territoires Numéro Spécial : Ecologie de la restauration et ingénierie écologique, 99-109
6. Wasson, J.G. & al. (2000). Impacts écologiques de la chenalisation des rivières. Cemagref