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1.1.3. La végétation riveraine des cours d’eau : un corridor biologique pour la conservation de la biodiversité
Rapportée à leur surface, la contribution des milieux aquatiques à la biodiversité globale est nettement supérieure à celle des écosystèmes terrestres (EAWAG 2010). Or, l’OFEV estime, par exemple, qu’en Suisse, 90 % des zones alluviales ont disparu au cours des dernières décennies. En France, l’évolution des zones humides fut jugée alarmante au cours de la période 1960-1980 (Bernard 1994). Au cours de la période 1990-2000, « si on observe un ralentissement de la perte des surfaces, la dégradation des milieux est toujours importante comparée aux années 1960-1980 » (Fouque et al. 2006).
L’érosion de la biodiversité constitue aujourd’hui une problématique centrale des politiques environnementales, qui a incité la mise en œuvre de politiques publiques de préservation, notamment par la conservation, la restauration et la création de continuités écologiques.
Il s’agit de permettre la préservation de conditions favorables au maintien des espèces animales et végétales par la conservation de réservoirs (zones de vie des espèces, propices à l’abri, au nourrissage et à la reproduction) et de voies de déplacement entre ces réservoirs, appelées « corridors ». C’est ainsi qu’est apparue, au cours des dernières années, la notion de trame verte et bleue, axée sur la circulation des espèces. Elle complète les dispositifs conservatoires que sont les réserves naturelles notamment.
En France, cette notion est traduite à l’échelle régionale par les Schémas régionaux de cohérence écologique (SRCE). Côté helvétique, la Conception paysage suisse (CPS) engage les acteurs à l’échelle nationale, tandis que les cantons énoncent des orientations précises par l’intermédiaire des plans directeurs cantonaux.
Les berges de cours d’eau constituent des zones d’interface entre milieux terrestre et aquatique et présentent une très grande richesse biologique. Les ripisylves jouent quant à elles un rôle écologique majeur de par leurs fonctions de zone d’abri, de nourrissage, d’ombrage, d’autoépuration ou encore de ralentissement des crues. Les berges et leurs milieux associés jouent également un rôle majeur de corridor biologique qu’il convient de préserver.
De manière générale, les milieux montagnards et alpins sont parmi les mieux conservés. Dans certaines vallées alpines fortement anthropisées, les ripisylves constituent parfois les derniers corridors disponibles pour la faune et présentent à ce titre une importance particulière.
Les ouvrages de génie civil (enrochements, murs en béton) constituent autant de coupures du corridor qui perd alors une part importante de sa fonctionnalité écologique (fig. 7). L’utilisation de techniques de génie végétal peut ainsi jouer un rôle important en termes de préservation des corridors biologiques et de la biodiversité (chap. II.2.2 et II.6) dans le cas où la restauration de la dynamique alluviale n’est pas envisageable.