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4.1.3. Hiérarchiser les enjeux à différentes échelles
La réflexion vis-à-vis de l’opportunité d’une protection de berge doit s’appuyer sur une prise en compte approfondie des enjeux socio-économiques à proximité du cours d’eau et potentiellement menacés par les processus d’érosion. Pour cela, il est conseillé de procéder à leur hiérarchisation à l’échelle locale comme à celle du bassin versant.
Ils peuvent être distingués selon leur nature et leur valeur sociale (usage de loisir, de transport, d’infrastructure, de réseau, de pâturage, de production agricole, d’énergie, etc.), mais également selon leur valeur vénale (prix marchand). L’occupation du sol (agricole, urbanisée, naturelle ou forestière) et le type d’activité développée (transport, réseau, production, tourisme et loisirs, etc.) donnent plus ou moins de valeur à un terrain.
4.1.3.1. L’échelle locale
La figure 2 ci-après propose une hiérarchisation possible des enjeux socio-économiques susceptibles d’être menacés par les risques d’érosion (Malavoi et al. 2011). Elle prend en compte à la fois les valeurs sociale, fonctionnelle et vénale des enjeux. Bien sûr, cet exemple ne constitue pas un modèle car il est fondamental d’apprécier au cas par cas la valeur des enjeux en place. On peut néanmoins se baser sur cet exemple pour une première hiérarchisation a priori.
La hiérarchisation des enjeux selon leur valeur sociale s’apprécie en fonction de l’usage qui en est fait par la société et de son utilité sociale. Il convient, par exemple, de prendre en compte la propriété du bien, sa fréquentation éventuelle par le public et l’activité liée à l’élément, etc. On peut ainsi s’interroger de la manière suivante :
• s’agit-il d’une propriété privée ou publique ?
• la fréquentation du site ou du bien est-elle importante ?
• d’autres sites ou infrastructures sont-ils susceptibles de remplir le même rôle social ?
• s’agit-il d’une propriété privée ou publique ?
• la fréquentation du site ou du bien est-elle importante ?
• d’autres sites ou infrastructures sont-ils susceptibles de remplir le même rôle social ?
La valeur économique de l’enjeu constitue bien évidemment un point crucial. Les grandes infrastructures de transport (voies ferrées, routes, autoroutes), en raison de leur coût particulièrement important, constituent des enjeux majeurs, au même titre que les zones densément urbanisées ou les zones d’activités. À l’inverse, compte tenu de leur valeur économique relativement peu importante, les terrains non bâtis constituent des enjeux relativement faibles.
En 2010, en France, le prix moyen d’acquisition d’une terre agricole de type « prés » était de 5 230 €/ha à l’échelle nationale ; 3 229 €/ha pour des forêts. Lorsqu’il s’agit de patrimoine bâti isolé, la valeur vénale du terrain augmente fortement : 169 000 €/ha en moyenne à l’échelle nationale pour un terrain abritant une maison d’habitation en zone rurale (prix issus des SAFER – Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural).
Dans le cas des réseaux de fluides (eau, électricité, gaz), les coûts de déplacement peuvent être relativement élevés. Par exemple, le prix du déplacement d’un pylône THT (très haute tension) est estimé à environ 150 000 €, celui d’un poteau HTA (haute tension A) à 60 000 € (N’Guyen 2008).
Ces coûts sont à mettre en rapport avec ceux d’une protection de berge, qu’il s’agisse de génie végétal ou de génie civil, mais aussi avec d’éventuels coûts issus de perturbations engendrées ailleurs sur le tronçon du cours d’eau (déchaussement d’ouvrages, inondations, etc.) afin de bien mesurer les avantages et inconvénients à large échelle de l’abandon ou du déplacement de l’enjeu.
L’analyse coût-bénéfice (ACB) peut apporter des éléments de réponse pertinents. Aujourd’hui fortement promue dans toute démarche d’aménagement, elle constitue un outil d’évaluation des projets d’investissement dans une perspective à long terme et du point de vue de l’économie dans son ensemble.
Cette méthode apporte des réponses sur les questions d’intérêt général, en comparant les effets du projet à ceux d’une hypothèse « sans projet ». Elle permet de comparer les coûts des mesures ou des projets avec les bénéfices environnementaux sur la base de données prévisionnelles de coûts et d’avantages exprimés en monnaie, à l’aide d’indicateurs de rentabilité économique pour la collectivité dans son ensemble (AERM&C 2007 ; Grelot 2004 ; Grelot 2009).
L’analyse coût-bénéfice (ACB) peut apporter des éléments de réponse pertinents. Aujourd’hui fortement promue dans toute démarche d’aménagement, elle constitue un outil d’évaluation des projets d’investissement dans une perspective à long terme et du point de vue de l’économie dans son ensemble.
Cette méthode apporte des réponses sur les questions d’intérêt général, en comparant les effets du projet à ceux d’une hypothèse « sans projet ». Elle permet de comparer les coûts des mesures ou des projets avec les bénéfices environnementaux sur la base de données prévisionnelles de coûts et d’avantages exprimés en monnaie, à l’aide d’indicateurs de rentabilité économique pour la collectivité dans son ensemble (AERM&C 2007 ; Grelot 2004 ; Grelot 2009).
4.1.3.2. L’échelle du bassin versant
Dans le cadre d’une réflexion à l’échelle du bassin versant, la préservation ou la création d’un espace de mobilité du cours d’eau favorise à la fois une amélioration du fonctionnement morphologique de celui-ci, mais également la lutte contre les inondations et leurs conséquences. L’existence de zones d’expansion de crues, qu’elles soient naturelles ou artificielles, permet la réduction de l’aléa et donc du risque en aval, par le ralentissement de la propagation de l’onde de crue et la rétention temporaire des eaux (fig. 3). Au regard des enjeux impactés par les inondations et du coût humain et financier des dégâts qui se chiffrent souvent en millions, voire en milliards d’euros, il devient intéressant de se questionner sur l’impact potentiellement positif d’une érosion localisée, au-delà de la seule destruction de l’enjeu. Il s’agit alors de mettre en synergie les logiques de lutte contre les inondations (DCI - Directive cadre inondations) et d’atteinte des objectifs environnementaux de la DCE.
Au-delà d’exemples strictement montagnards tels que la catastrophe du Grand-Bornand en 1987, les crues de l’Ainan en 2002 (Isère et Savoie), des torrents de Belledonne (Isère) ou du village de Lauterbrunnen (Alpes bernoises) en 2005, on pense également à quelques inondations majeures des dernières décennies : le bas Rhône en 2003 (7 victimes et 1 milliard d’euros de dégâts), le Gard en 2002 (23 victimes et 1,2 milliard d’euros) ou encore l’Aude en 1999 et Vaison-la-Romaine en 1992 (1 milliard et 81 victimes à elles deux). Ces catastrophes sont bien sûr dues à des aléas forts ou exceptionnels et à une vulnérabilité importante, mais la présence de zones d’expansion de crues naturelles en amont aurait pu participer à atténuer le risque et les conséquences à la fois humaines et économiques pour certains de ces événements.