Principes d'aménagement des cours d'eau

3.2.2.1. Les limites techniques d’avant-projet
 
La période d’intervention pour la création d’un ouvrage de génie végétal est réduite par rapport à celle dont le maître d’ouvrage dispose pour un ouvrage de génie civil. La période estivale n’est généralement pas propice à la réalisation de chantiers utilisant les végétaux en raison de la période végétative (montée de sève) et d’une plus faible disponibilité en eau dans le sol durant cette période. Il convient donc, dans la mesure du possible, d’intervenir en dehors de cette période. En cours d’eau de montagne, cette question est davantage problématique en raison des régimes hydrologiques et des conditions climatiques contraignants pour les travaux (accessibilité du chantier, tenue du sol, présence de neige, difficultés pour travailler dans le lit mineur en période de hautes eaux, etc.) et pour la végétation (crues). Sur certains cours d’eau, la fraie hivernale des salmonidés peut également constituer un facteur limitant pour l’intervention.
 
Même s’il existe de nombreuses espèces ligneuses adaptées à l’altitude, la limite altitudinale de la végétation est bien sûr un facteur limitant de la mise en œuvre d’ouvrages de génie végétal (part. III). Par ailleurs, le régime torrentiel de certains cours d’eau de montagne implique des contraintes mécaniques élevées que le génie végétal ne peut supporter au-delà d’un certain seuil (chap. II.3). Dans ce cas, si l’intervention est nécessaire, il est indispensable d’avoir recours à des techniques de génie civil.
 
 
 
3.2.2.2. Les problèmes potentiels d’après travaux
 
La question de la résistance mécanique dans les premiers mois suivant la mise en place de l’ouvrage constitue également une limite qu’il convient de prendre en compte. En effet, avant que les végétaux ne se développent, la résistance de l’ouvrage aux contraintes mécaniques exercées par une éventuelle crue est faible. 
 
Avec une période de hautes eaux printanière ou estivale, l’ouvrage a davantage de risques de subir une crue et d’être ainsi déstabilisé ou détruit avant la reprise de la végétation (chap. II.3). C’est moins le cas pour un ouvrage de génie civil tel qu’un enrochement, dont la résistance mécanique est immédiatement maximale. La qualité de réalisation de l’ouvrage, qu’il soit en génie végétal comme en génie civil, pondère bien sûr très largement ce constat. Un aménagement bien conçu et bien réalisé présentera immédiatement une résistance plus élevée qu’un ouvrage présentant des défauts de conception ou de fabrication.
 
Ces éléments ne sont pas les seuls facteurs d’échec possibles d’un ouvrage de génie végétal. Qu’il s’agisse de la sensibilité des espèces utilisées aux maladies et à la sécheresse, ou de la vulnérabilité des espèces à bois tendre comme les saules face à l’appétit des castors, ou encore des risques de dégradation ou de vandalisme, les causes d’échec sont multiples. Néanmoins, elles peuvent souvent être anticipées et réduites.
 
Par ailleurs, par rapport aux procédés de génie civil classiques, la végétalisation des berges peut avoir des conséquences négatives en termes de gestion des inondations. Par exemple, l’augmentation de l’encombrement du lit et/ou la production accrue d’embâcles peut provoquer une augmentation de la hauteur d’eau en amont de l’ouvrage. On prêtera également attention à la végétalisation à proximité des digues de protection contre les inondations qui peut parfois accroître les risques de rupture (chap. I.4.1.5).
 
Il convient ainsi de prendre en compte ces différentes contraintes lors de l’élaboration d’un projet de protection de berge.