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4. Pourquoi, quand et comment protéger ?
Au cours des derniers siècles, les sociétés modernes n’ont eu de cesse de protéger les berges des cours d’eau pour l’agriculture et l’urbanisation, et de se protéger contre les inondations.
La réflexion autour de la protection de berges est une question d’aménagement du territoire, dont les conséquences dépassent largement la seule protection d’un enjeu local et doivent être envisagées à l’échelle d’un cours d’eau ou d’un tronçon. Elle intervient bien évidemment en amont et est totalement indépendante de toute réflexion autour des techniques à utiliser.
Si certains enjeux doivent nécessairement être protégés compte tenu de leur importance (zones d’urbanisation dense, infrastructures de transport majeures, ouvrages de franchissement, etc.), il doit être envisagé, dans un souci de restauration des cours d’eau, d’accepter l’érosion de certains terrains faisant l’objet d’enjeux moindres. En effet, la stabilisation des berges bloque le processus de recharge sédimentaire nécessaire aux cours d’eau pour retrouver un équilibre morphologique, et participe ainsi à l’aggravation des dysfonctionnements de l’hydrosystème fluvial dont les conséquences sont tant environnementales qu’économiques.
La généralisation à l’ensemble d’un bassin versant des déséquilibres sédimentaires liés au blocage du transport solide et de la recharge sédimentaire risque d’engendrer des effets cumulatifs potentiellement graves et impactants pour les activités humaines. Pour exemple, l’incision du fond du lit provoque l’augmentation des processus d’érosion de berge par affouillement et l’accroissement du risque de déchaussement d’ouvrages d’art (ponts, digues, etc.) et de protection de berge. L’abaissement de la nappe d’accompagnement et son corollaire, la diminution de la ressource en eau, voire sa disparition (affleurement du substrat rocheux), figurent également parmi les conséquences les plus graves liées à l’incision.
Stabiliser les berges d’un cours d’eau dans sa plaine alluviale signifie empêcher la reprise du stock alluvial du lit majeur récemment formé et des terrasses plus anciennes par le cours d’eau (« production interne »), ce qui permettrait de garantir son rééquilibrage sédimentaire (Malavoi et al. 2011). De même, en zone de montagne, principale zone de « production externe » de sédiments grossiers, la stabilisation des versants est préjudiciable à l’alimentation du cours d’eau en matériaux.
Ceci, associé aux fortes perturbations du transport de matériaux solides induites par la création de barrages et seuils et par les importantes opérations de curage et d’extraction de granulats menées au cours du siècle dernier notamment, provoque d’importants dysfonctionnements hydromorphologiques des cours d’eau. C’est de ce constat qu’est né le concept d’espace de liberté ou de mobilité dans les années 1980, ainsi que la prise de conscience de la nécessité de garantir l’équilibre sédimentaire des cours d’eau en préservant leur capacité d’érosion (Malavoi et al. 2011 ; chap. I.2).
Ainsi, s’il est tout à fait acceptable de protéger les enjeux importants contre l’érosion, il est également indispensable d’inclure cette démarche dans une logique de préservation de l’espace de mobilité à l’échelle de l’intégralité du linéaire du cours d’eau afin d’assurer une recharge sédimentaire suffisante. Il s’agit ainsi de prendre en compte la problématique de l’équilibre sédimentaire des cours d’eau dans les politiques d’aménagement du territoire afin de préserver l’intérêt général.
Ce point impose la prise en compte, à l’échelle du bassin versant, des enjeux tant environnementaux que socio-économiques, des dysfonctionnements de l’hydrosystème et de leurs impacts potentiels sur ces enjeux, mais également l’appréciation du rapport « coûts/bénéfices » lié au déplacement de certains enjeux hors de l’espace de mobilité du cours d’eau. Une analyse coût-bénéfice (ACB) est ainsi à privilégier (chap. I.4.1.3.1).
Définition :
La notion d’enjeu recouvre une notion de valeur ou d’importance. Un bien matériel peut ainsi être caractérisé par une valeur fonctionnelle, économique (vénale) et/ou sociale.
Un enjeu (bien ou activité) peut être vulnérable vis-à-vis d’événements ou de phénomènes donnés. On peut définir sa vulnérabilité en termes physiques (son « aptitude à être plus ou moins affecté, en termes de perte ou d’endommagement, par la survenance d’un phénomène donné d’intensité donnée ») ainsi qu’en termes sociaux, économiques, environnementaux ou fonctionnels (« niveau des conséquences prévisibles d’un phénomène sur les enjeux, en termes sociaux, économiques ou fonctionnels »).
« L’identification des enjeux a pour objet la mise en évidence de biens, de personnes, de milieux ou de fonctions qui seraient susceptibles d’être endommagés par des phénomènes […]. Ces dommages auraient probablement de plus des conséquences économiques et/ou sociales et/ou environnementales » (INERIS et BRGM 2007).
La notion d’enjeu recouvre une notion de valeur ou d’importance. Un bien matériel peut ainsi être caractérisé par une valeur fonctionnelle, économique (vénale) et/ou sociale.
Un enjeu (bien ou activité) peut être vulnérable vis-à-vis d’événements ou de phénomènes donnés. On peut définir sa vulnérabilité en termes physiques (son « aptitude à être plus ou moins affecté, en termes de perte ou d’endommagement, par la survenance d’un phénomène donné d’intensité donnée ») ainsi qu’en termes sociaux, économiques, environnementaux ou fonctionnels (« niveau des conséquences prévisibles d’un phénomène sur les enjeux, en termes sociaux, économiques ou fonctionnels »).
« L’identification des enjeux a pour objet la mise en évidence de biens, de personnes, de milieux ou de fonctions qui seraient susceptibles d’être endommagés par des phénomènes […]. Ces dommages auraient probablement de plus des conséquences économiques et/ou sociales et/ou environnementales » (INERIS et BRGM 2007).