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1.2. Territoire concerné
Toutes les espèces décrites dans cette partie sont présentes au sein de la zone de coopération transfrontalière alpine du programme franco-suisse « Interreg IV A » s’étendant des cantons de Berne et du Valais, au nord-est, jusqu’au département de l’Isère, au sud-ouest. Ce territoire, correspondant sensiblement à la zone biogéographique des Alpes du Nord occidentales, est compris dans les régions administratives des cantons de Vaud, de Berne, de Fribourg et du Valais et des départements de la Haute-Savoie, de la Savoie et de l’Isère (fig. 1).
1.2.1. Climat et géologie
Le territoire des Alpes du Nord occidentales est marqué par un climat montagnard à influence océanique plus ou moins nette selon les massifs. Il est compris entre les Alpes orientales, à l’est, marquées par l’influence continentale, et les Alpes du Sud, sous influence méditerranéenne.
Au sein de ce territoire, plus l’on se dirige vers l’est, plus les sommets sont élevés, plus les précipitations sont faibles et les contrastes thermiques importants. Cet effet de continentalité permet de définir trois zones biogéographiques bien distinctes (fig. 1) :
• au nord-ouest, les Préalpes (Alpes bernoises, Préalpes fribourgeoises, Chablais, Bornes, Bauges, Chartreuse, Vercors) où l’influence océanique induit une pluviosité importante sur les versants orientés à l’ouest et où la géologie est dominée par les roches calcaires et marneuses ;
• au sud-est, les Alpes internes (Alpes valaisannes, Vanoise, Cerces, nord des Écrins) arrosées principalement sur leurs versants occidentaux en raison de leur forte continentalité et marquées par la dominance des roches cristallines et métamorphiques (granites, gneiss, micashistes, etc.) ;
• à l’interface de ces deux zones, les Alpes externes, ou Alpes intermédiaires (Beaufortain, Mont-Blanc, Belledonne, Grandes Rousses, Aar-Gothard), caractérisées par un climat à l’influence océanique marquée, par des altitudes supérieures aux Préalpes et par des roches majoritairement cristallines.
• au nord-ouest, les Préalpes (Alpes bernoises, Préalpes fribourgeoises, Chablais, Bornes, Bauges, Chartreuse, Vercors) où l’influence océanique induit une pluviosité importante sur les versants orientés à l’ouest et où la géologie est dominée par les roches calcaires et marneuses ;
• au sud-est, les Alpes internes (Alpes valaisannes, Vanoise, Cerces, nord des Écrins) arrosées principalement sur leurs versants occidentaux en raison de leur forte continentalité et marquées par la dominance des roches cristallines et métamorphiques (granites, gneiss, micashistes, etc.) ;
• à l’interface de ces deux zones, les Alpes externes, ou Alpes intermédiaires (Beaufortain, Mont-Blanc, Belledonne, Grandes Rousses, Aar-Gothard), caractérisées par un climat à l’influence océanique marquée, par des altitudes supérieures aux Préalpes et par des roches majoritairement cristallines.
1.2.2. Végétation
Le territoire des Alpes du Nord occidentales est une zone phytogéographique relativement homogène présentant tous les étages de végétation, de l’étage planitiaire à l’étage nival. Il se distingue notamment des Alpes du Sud par la prédominance des feuillus, en particulier à l’étage montagnard, celui-ci étant dominé, dans les Alpes du Sud, par les pinèdes et les mélézins (Rameau et al. 1993).
Les fortes différences climatiques rencontrées le long d’un gradient altitudinal sur un même versant sont à l’origine de l’étagement de la végétation. En effet, la température diminue avec l’altitude (en moyenne un degré tous les 150 mètres), de façon concomitante avec une augmentation des précipitations (entre 500 et 2 500 m, la pluviosité augmente en règle générale de 100 mm tous les 100 m). Ainsi, la durée de la période de végétation (période où la température quotidienne dépasse 6 °C) diminue avec l’altitude. Cette diminution induit progressivement une modification des communautés végétales et structure l’étagement de la végétation. Les limites de ces étages seront légèrement différentes si l’on se situe en adret ou en ubac, en zone interne ou en zone externe (fig. 2). On distingue ainsi...
L’étage collinéen (température moyenne annuelle comprise entre 8 et 12 °C et période de végétation supérieure à 250 jours) est cantonné en fond de vallée et sur les piémonts. Le chêne sessile (Quercus petraea), le chêne pédonculé (Q. robur), le hêtre (Fagus sylvatica), le charme (Carpinus betulus) et le châtaignier (Castanea sativa), sur certains secteurs, sont les principales essences caducifoliées. Le frêne (Fraxinus excelsior) et l’érable sycomore (Acer pseudoplatanus) sont limités aux milieux frais et humides, le long des cours d’eau ou en pied de versant.
À l’étage montagnard (température moyenne annuelle comprise entre 4 et 8 °C et période de végétation restant supérieure à 200 jours), le hêtre est omniprésent dans les Préalpes et ne se maintient, dans les Alpes externes, que sur les versants exposés à l’ouest. Le sapin (Abies alba) et l’épicéa (Picea abies) se régénèrent naturellement, sauf en amont de la vallée de Chamonix, où il fait trop froid pour le sapin. C’est le domaine de prédilection de la hêtraie-sapinière et des pessières montagnardes pures (fig. 3). Le pin sylvestre (Pinus sylvestris) colonise les adrets et les bas d’ubac des Alpes internes.
L’étage subalpin (température moyenne annuelle comprise entre 0 et 4 °C et période de végétation fluctuant entre 100 et 200 jours), dominé par l’épicéa dans sa partie inférieure, est marqué par l’apparition progressive du pin cembro (Pinus cembra), du pin à crochets (P. uncinata), du mélèze (Larix decidua) et des landes à éricacées dans sa partie supérieure. La limite altitudinale de la végétation forestière est à 2 200 m environ avec, aux abords de cette zone, la présence de peuplements rabougris et clairsemés marquant l’interface entre les forêts de conifères et les pelouses d’altitude (fig. 4).
L’étage alpin (température moyenne annuelle inférieure à 0 °C et période de végétation inférieure à 100 jours) est caractérisé par la dominance des pelouses rocailleuses (fig. 5). Il n’y a plus d’arbres ou d’arbustes car la saison favorable est trop courte et les gelées trop extrêmes. Seul le pin cembro peut éventuellement résister à ces conditions sur certains secteurs. Les pelouses continues à laiche courbée (Carex curvula) ou à seslérie bleuâtre (Sesleria caerulea) laissent peu à peu place aux pelouses écorchées caractérisées par la présence d’espèces développant un port en coussinet. La limite supérieure de cette végétation se situe entre 2 700 et 3 000 m dans les Alpes externes et entre 3 000 et 3 500 m dans les Alpes internes.
L’étage nival, enfin, voit disparaître quasi définitivement les plantes à fleurs. Si quelques dicotylédones sont encore capables de survivre près des sommets, ce sont surtout les lichens qui colonisent les rochers, et seules quelques algues subsistent sur les glaciers.
En ce qui concerne le génie végétal, la prise en compte de la répartition spatiale et altitudinale de la végétation est essentielle dans le choix des espèces afin d’obtenir un taux de reprise et un développement optimaux des végétaux. La situation géographique du site devra donc être le premier critère à prendre en compte lors d’un aménagement.