Vous êtes ici
Deschampsia cespitosa (L.) P. Beauv.
Canche cespiteuse
Poacées
Description :
- La canche cespiteuse est une espèce vivace cespiteuse pouvant atteindre 150 cm de haut et formant des touffes compactes (fig. 1).
- Les feuilles, larges de 2 à 4 mm, sont scabres, coupantes et parcourues par plusieurs côtes saillantes séparées par des nervures translucides nettement visibles à contre-jour (fig. 2). Les ligules, longues de 4 à 8 mm, sont lancéolées (fig. 3).
- L’inflorescence est une panicule pyramidale longue de 10 à 30 cm et composée de rameaux étalés à dressés (fig. 4).
- Les épillets sont rapprochés et maintenus par des pédicelles plus courts que ceux-ci (fig. 5). Ils mesurent de 2 à 4 mm et sont composés de 2 à 3 fleurs blanchâtres, vert jaunâtre ou violacées (fig. 6). La glumelle extérieure, membraneuse, porte une arête droite insérée à sa base.
- La floraison a lieu de juin à août.
- Plusieurs sous-espèces sont décrites dans le Nord-Est de l’Europe dont :
• subsp. alpina, ne dépassant pas 50 cm de haut, aux feuilles radicales courtes (moins de 10 cm) et à l’inflorescence contractée à maturité ;
• subsp. cespitosa, dépassant généralement 50 cm de haut, aux feuilles radicales mesurant plus de 15 cm et à l’inflorescence généralement étalée à maturité ;
• subsp. littoralis, disparue de France, et présente en Suisse sur les rives des lacs de Joux et de Constance (taxon à forte valeur patrimoniale non décrit ici).
- À l’état végétatif, la canche cespiteuse, assez polymorphe, peut éventuellement être confondue avec certaines laiches cespiteuses comme Carex paniculata ou C. elata. La présence de nervures translucides sur les feuilles permet toutefois de reconnaître facilement les touffes de canche.
Distribution et vulnérabilité :
La canche cespiteuse est une espèce eurasiatique commune dans tout le territoire franco-suisse à l’exception de la région méditerranéenne.
Elle est très commune dans les Alpes du Nord. La distribution de la sous-espèce alpina est encore méconnue.
Écologie :
- La canche cespiteuse est une espèce de pleine lumière ou de demi-ombre des prairies humides, des abords des sources, des cours d’eau (fig. 7) et des boisements frais à marécageux (aulnaies, chênaies, saulaies, etc.).
- Elle croît sur divers types de substrats (argiles, limons, sables, tourbes), généralement profonds et assez riches en éléments nutritifs, neutres à moyennement acides, frais à humides.
- Elle présente un optimum écologique dans les prairies humides (Molinietalia).
- Elle se développe de l’étage collinéen à l’étage alpin (jusqu’à 2 700 m) avec un optimum aux étages montagnard et subalpin.
Utilisation en génie végétal :
La canche cespiteuse est une graminée essentielle pour les aménagements de génie végétal aux étages montagnard et subalpin.
Grâce à son système racinaire fasciculé pouvant dépasser 1 m de profondeur et à son port cespiteux (rapp. vol. syst. sout./aérien = 1,6), elle permet une stabilisation et une protection durable des sols en profondeur et présente une résistance importante à la traction (Schiechtl 1973). Implantée en pied de berge, ses touffes imposantes permettent de dissiper l’énergie du courant lors des crues (fig. 7) et de piéger les sédiments fins, facilitant ainsi l’installation d’autres espèces. Sa plasticité écologique lui permet d’être utilisée dans différents types d’aménagements et sur tous types de substrats, aussi bien dans des vallées très encaissées que sur des talus exposés, jusqu’à 2 500 m d’altitude (Krautzer et al. 2004).
Dans des conditions optimales de développement, cette espèce peut toutefois devenir monopolisatrice et ainsi gêner la croissance des ligneux. Il est ainsi conseillé de ne pas la mêler aux plantations de jeunes plants forestiers ou de boutures qui risquent d’être étouffés.
La canche cespiteuse est disponible dans le commerce sous forme de plants en motte ou de graines. Elle présente un taux de germination très élevé en conditions naturelles et peut facilement être divisée au printemps (division des touffes). Très commune aux étages montagnard et subalpin, il est ainsi possible de la transplanter depuis des populations naturelles, garantissant la provenance locale et améliorant la vitalité des plants.
Elle pourra ainsi être implantée sous forme de plants dans des fascines d’hélophytes ou sous forme de graines dans les mélanges grainiers. Compte tenu de sa forte capacité de propagation et de son taux de germination élevé, elle devra toutefois être intégrée avec un faible pourcentage dans les mélanges grainiers (moins de 10 % en poids dans un mélange graminéen pur). Elle pourra notamment être associée aux laiches paniculée (Carex paniculata) et en vessie (C. rostrata), aux calamagrostides bigarrée (Calamagrostis varia) et commune (C. epigejos), aux pétasites (Petasites spp.), à l’épilobe à feuilles étroites (Epilobium angustifolium), à l’angélique (Angelica sylvestris), à la reine des prés (Filipendula ulmaria), au cerfeuil hirsute (Chaerophyllum hirsutum) ou encore au populage des marais (Caltha palustris), assurant ainsi une complémentarité à l’enracinement et à la couverture du sol.