Recueil d'expériences techniques

L’enrochement végétalisé ne constitue pas une technique de génie végétal en tant que telle, car le végétal ne participe pas directement à la résistance mécanique de la berge (chap. I.3.1). Toutefois, les enrochements végétalisés correspondent à des modèles naturels sur certains torrents à forte pente, et leur utilisation peut ainsi se justifier dans ce cas.
Sur les rivières de plaine ou de piémont, les enrochements ne correspondent pas à la granulométrie des berges naturelles, ils sont à éviter au maximum sur le plan environnemental.
Aussi, les enrochements bruts s’avèrent être des zones préférentielles de développement des espèces exotiques envahissantes comme la renouée du Japon ou le buddleia (chap. II.6). Et la présence d’enrochements bruts constitue souvent des « verrues » sur le plan paysager.
Par ailleurs, dans les vallées alpines urbanisées, les ripisylves constituent parfois le seul corridor biologique permettant la circulation des espèces le long de la vallée. Or, lorsque les berges sont enrochées, l’absence de végétation entraîne une discontinuité des corridors biologiques. En effet, les températures élevées observées en été sur les rochers et l’absence de végétation rendent ces milieux peu propices à l’accueil et à la circulation des espèces animales et végétales. 
Les rôles majeurs de corridor écologique, de rempart contre les exotiques envahissantes et de qualité paysagère assurés par les ripisylves amènent à se questionner sur la possible végétalisation de ces enrochements bruts. La meilleure solution sur le plan environnemental serait d’enlever les enrochements et de reconstruire des berges plus naturelles avec des techniques de génie végétal. Cependant, cette solution est parfois inenvisageable en raison des enjeux (infrastructures, etc.), de l’espace disponible et des contraintes hydrauliques (seuils, etc.). Aussi, la végétalisation d’enrochements présente un intérêt certain pour traiter l’énorme parc d’enrochements existant.
À ce jour, si des expériences existent à l’étranger (Italie, Autriche, Canada, etc.), la revégétalisation d’enrochement n’est que très peu utilisée en France et en Suisse. Seules quelques réalisations ponctuelles existent sur ce territoire. Il existe donc peu de retours d’expériences dans ce domaine, alors que les besoins peuvent être considérés comme importants au regard des longueurs de berges de cours d’eau enrochées sans végétation.
 
Si l’enrochement sur les rivières de plaine et de piémont est souvent un pis-aller sur le plan environnemental, lorsqu’on fait le choix d’en poser, autant le végétaliser. En effet, ils gagnent ainsi sur le plan de l’intégration paysagère et de l’accueil de la biodiversité, même si on ne retrouve pas la diversité que l’on peut observer sur une berge naturelle.
 
Nous abordons ainsi dans ce chapitre des expérimentations et chantiers menés sur des travaux de végétalisation d’enrochements existants et sur la végétalisation à l’avancement d’enrochements neufs.