Recueil d'expériences techniques

Cette étude a pour objectif finalisé de fournir aux gestionnaires des éléments de décision afin que soient pris en compte, dès la phase de projet, des préceptes concrets en termes de biodiversité spécifique potentielle de l’ouvrage futur. On peut avancer quelques recommandations, à l’endroit des gestionnaires, qui sont susceptibles d’impacter localement les ripisylves. Premièrement, il apparaît préférable de végétaliser les berges plutôt que de laisser faire une colonisation spontanée. En effet, cette dernière est lente sur les aménagements en enrochement purs et favorise l’avènement des espèces exotiques envahissantes. De plus, le développement des végétaux permet la création de potentielles caches, habitats et zones d’alimentation indispensables aux organismes affiliés aux milieux rivulaires (terrestres et aquatiques). Il est fortement recommandé de favoriser le développement d’habitats multiples et différenciés. La présence de plusieurs strates de végétation (herbacée, arbustive, arborée) est un bon moyen de diversifier les habitats. Il est également possible de favoriser le recrutement d’espèces hélophytiques soit en les implantant au départ (fascines d’hélophyte) soit en réalisant des pieds de berge appropriés, dont le recouvrement arbustif et arboré serait faible à l’interface immédiate entre le cours d’eau et la berge et qui comporterait des zones de sédimentation propice à la formation d’un substrat colonisable. Les aménagements de type mixte comportant les enrochements en pied de berge sont un exemple de ces zones d’interfaces. L’utilisation de salicacées est également intéressante. Cette famille comprend le genre Salix dont les propriétés morpho-mécaniques (réseau racinaire développé, port arbustif, souplesse du bois) et physiologiques (croissance rapide, production importante de nectar et pollen) favorisent et facilitent la lutte contre l’érosion et le retour à un état de naturalité avancé.
Il faut néanmoins garder à l’esprit que toute stabilisation de berge va empêcher toute nouvelle érosion et donc bloquer la dynamique naturelle imposée par les régimes de perturbation. La succession végétale va ainsi se dérouler sans retour au stade pionnnier (Deymier et al. 1995 ; AFNOR 2005 ; Benoît et al. 2008 ; Roman 2009).