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4.3.1. Expérimentation sur les enrochements du seuil de l’Arve de Vougy-Marignier en Haute-Savoie
Revégétalisation d’enrochements
De fortes pressions anthropiques (digues de protection, remblai de la voie ferrée, autoroute, etc.) ont contribué à « chenaliser » l’Arve sur pratiquement 70 % de son linéaire (107 km). L’enfoncement généralisé du lit depuis les années 1970-1980 n’a fait qu’accroître ce phénomène. Ces modifications importantes du fonctionnement morphologique de la rivière ont nécessité la mise en place d’un grand nombre d’ouvrages de protection et de correction (seuils) à base d’enrochements. Ces enrochements totalisent un linéaire de 140 km.
Ce projet réalisé pendant l’hiver 2010-2011 a consisté à mettre en œuvre différents procédés de revégétalisation d’enrochements sur plusieurs parcelles expérimentales afin de comparer et d’évaluer la réussite de ces différentes techniques. Les résultats de l’expérimentation permettent de proposer des techniques pour la végétalisation d’enrochements existants, dans les cas où la suppression pure et simple des protections de berge apparaît impossible en raison des contextes locaux (espace disponible, contraintes mécaniques, enjeux à protéger).
Le linéaire concerné par le projet est constitué de 200 m d’enrochement sur chaque berge, chacune large de 8 m. L’expérimentation porte au total sur 3 200 m2. Les deux berges sont traitées de manière identique avec cinq techniques de végétalisation différentes. La reprise végétative et la diversité floristique seront suivies afin d’évaluer la pertinence de chaque technique.
Les deux berges sont exposées respectivement nord et sud. L’influence de l’exposition est ainsi prise en compte.
Les espèces bouturées sont des saules et de la myricaire (Myricaria germanica) prélevés localement. Les espèces de saule mises en place sont, pour les boutures :
• Saule drapé (Salix elaeagnos) ;
• Saule drapé (Salix elaeagnos) ;
• Saule pourpre (Salix purpurea) ;
• Saule faux daphné (Salix daphnoides) ;
• Saule à trois étamines (Salix triandra).
Pour les pieux, seul Salix daphnoides a été utilisé, unique espèce disponible à proximité dans les dimensions souhaitées.
Placette n° 1 : forage de l’enrochement
Des forages ont été effectués entre les interstices à 2 m de profondeur (1 forage par 4 m2, diamètre de 10 cm). Puis mise en place de pieux vivants de Salix daphnoides de plus de 3 m. Ensuite, injection de terre liquide uniquement autour du pieu (afin de colmater le forage), comprenant des éléments grossiers (présence significative de sable, avec limon ou argile pour la tenue de la terre et la capacité de rétention de l’eau). Enfin, une collerette de géotextile a été mise en place à la base de tous les pieux (fig. 71).
Placette n° 2 : garnissage des vides à la lance
Les vides sont comblés par projection dans les interstices de terre liquide, comprenant des éléments grossiers (proportion significative de sable, avec limons ou argiles), et bouturage avec une densité de 2 à 3 boutures standard par m2 (fig. 72 et 73).
Placette n° 3 : garnissage des vides à la lance + géotextile coco
Cette placette est identique à la placette n° 2 en rajoutant un géotextile coco de fort grammage fixé à l’aide de clous plantés dans les blocs et de fil de fer.
Placette n° 4 : placage à la pelle mécanique
Les interstices entre les pierres sont comblés par placage de terre à la pelle mécanique. Des bouturages ont été réalisés avec une densité de 2 à 3 boutures par m2 (fig. 74 et 75).
Placette n° 5 : placage à la pelle mécanique + géotextile coco
Cette placette est identique à la placette n° 4 en rajoutant un géotextile coco de fort grammage fixé à l’aide de clous plantés dans les blocs et de fil de fer.
Tab. 23 - Coûts des différentes techniques : (a) placette n° 1 ; (b) placette n° 2 ; (c) placette n° 3 ; (d) placette n° 4 ; (e) placette n° 5 (s’agissant de la végétalisation d’enrochements existants, ces coûts n’incluent pas la fourniture et la mise en place des blocs).
(a) Placette n° 1 | |
Surface totale (m2) | 160 |
Amont de la berge (1/3) | 4 695 € |
Forage | |
Injection de « coulis terreux » | |
Pieux vivants | |
Ensemencement en 2 passes | |
Aval de la berge (2/3) | 1 403 € |
Placage et recouvrement de terre | |
Mise en place de plants (1/m2) | |
Ensemencement en 2 passes | |
Total | 6 098 € |
Ratio prix/m2 | 38 € |
(b) Placette n° 2 | |
Surface totale (m2) | 160 |
Amont de la berge (1/3) | 2 109 € |
Remplissage en profondeur des interstices | |
Placage et recouvrement de terre | |
Boutures (3/m²) | |
Ensemencement en 2 passes | |
Aval de la berge (2/3) | 1 403 € |
Placage et recouvrement de terre | |
Mise en place de plants (1/m2) | |
Ensemencement en 2 passes | |
Total | 3 512 € |
Ratio prix/m2 | 22 € |
(c) Placette n° 3 | |
Surface totale (m2) | 160 |
Amont de la berge (1/3) | 3 109 € |
Remplissage en profondeur des interstices | |
Placage et recouvrement de terre | |
Boutures (3/m²) | |
Ensemencement en 2 passes | |
Géofilet coco | |
Aval de la berge (2/3) | 1 403 € |
Placage et recouvrement de terre | |
Mise en place de plants (1/m2) | |
Ensemencement en 2 passes | |
Total | 4 512 € |
Ratio prix/m2 | 28 € |
(d) Placette n° 4 | |
Surface totale (m2) | 160 |
Amont de la berge (1/3) | 1 718 € |
Placage et recouvrement de terre | |
Boutures (3/m²) | |
Ensemencement en 2 passes | |
Aval de la berge (2/3) | 1 403 € |
Placage et recouvrement de terre | |
Mise en place de plants (1/m2) | |
Ensemencement en 2 passes | |
Total | 3 121 € |
Ratio prix/m2 | 20 € |
(e) Placette n° 5 | |
Surface totale (m2) | 160 |
Amont de la berge (1/3) | 2 718 € |
Placage et recouvrement de terre | |
Boutures (3/m²) | |
Ensemencement en 2 passes | |
Géofilet coco | |
Aval de la berge (2/3) | 1 403 € |
Placage et recouvrement de terre | |
Mise en place de plants (1/m2) | |
Ensemencement en 2 passes | |
Total | 4 121 € |
Ratio prix/m2 | 26 € |
Création d’enrochements végétalisés à l’avancement
Les plançons utilisés doivent être suffisamment longs pour que les racines puissent aller chercher la terre et les nutriments derrière l’enrochement. En effet, les enrochements en eux-mêmes constituent un habitat avec une faible réserve hydrique et en nutriments pour les plantes. De plus, le fait que les racines se développent sous l’enrochement et pas dans celui-ci, évite sa déstabilisation éventuelle.
Lorsqu’on réalise un enrochement végétalisé, il est préférable d’utiliser une couche de transition plutôt qu’un géotextile synthétique pour protéger l’ouvrage contre l’érosion interne. En effet, les racines peuvent se développer à travers la couche de transition, ce qui n’est pas le cas avec un géotextile synthétique.
Sur l’Arve, à Vougy, pour corriger une érosion présente en rive gauche à l’aval du seuil, une partie de la berge a été protégée avec une technique mixte comprenant un enrochement de pied de berge surmonté par des lits de plants et plançons. L’enrochement de pied de berge a été végétalisé à l’avancement. Une couche de terre a été déposée au-dessus de chaque bloc, puis un plançon de saule faux daphné d’une longueur de 2,5 m a été mis en place tous les 2 m2. Après quoi, les blocs supérieurs ont été mis en place et recouverts de terre. Un ensemencement de toute la zone a également été réalisé (fig. 76 et 77).