Recueil d'expériences techniques

Zone amont – Partie glissement de terrain
 
Fig. 3 - État des lieux avant intervention.Description de l’érosion
À quelques centaines de mètres de son embouchure au Léman, la berge rive gauche du Pamphiot présente, en léger extrados de courbure, un glissement de terrain en contrebas d’une construction. Sur une hauteur d’environ 5 m, le glissement présente un profil de pente environ égal à 1V/1H, au-dessus duquel se trouve une érosion en falaise verticale de 3 à 4 m de hauteur (fig. 3).
Le glissement, qui s’étend sur environ 20 m de longueur, s’opère sur une ancienne moraine de texture granulométrique variée, avec la présence d’un suintement à sa base, côté aval. Les matériaux constituant la base du glissement sont plus fins et de texture nettement argileuse.
 
Remarques 
 
Afin de limiter des effets de bras de levier néfastes sur les racines des végétaux, et de favoriser la lumière nécessaire à la croissance, quelques abattages complémentaires ont été réalisés, ainsi que l’évacuation des différents buissons, ronciers, buddleias et autres embâcles de bois morts présents sur le secteur des travaux. Les saules sont des espèces pionnières qui ont besoin de lumière. Le manque de lumière est un facteur important d’échec dans la réalisation d’ouvrages de génie végétal.
 
La coupe et l’élagage des arbres susceptibles de faire de l’ombre aux ouvrages en milieu de journée augmentent grandement leurs chances de réussite (abattage d’une dizaine de sujets de 20-25 m de haut) (BIOTEC 2011).
 
Techniques retenues 
Fig. 4 - Plan de masse des travaux sur le Pamphiot  (source : BIOTEC).Vu la pente du Pamphiot, qui lui donne un caractère torrentiel, il était nécessaire de faire appel à des techniques souples, qui supportent certaines déformations liées aux mouvements de terrain. Les techniques choisies doivent tolérer de légères déformations, qu’elles soient liées au glissement ou aux forces hydrauliques. La technique des lits de plançons constitue ainsi la base des éléments projetés. Cette technique est renforcée par la mise en place d’une fascine de saules à double rangée de pieux en pied de berge, sur la partie aval. Cette technique a pour objet d’augmenter la stabilité du pied de berge (fig. 5).
 
Fig. 6 - Le site après travaux : le premier lit de plançon en pied de berge et le caractère « fluide » des matériaux sont visibles.Fig. 5 - Coupe transversale sur le site amont, la fascine de pied de berge initialement envisagée n’a finalement pas été retenue (source : BIOTEC).Sur la partie amont de l’ouvrage, aucun ouvrage de pied de berge n’est proposé, c’est le premier lit de plançons qui vient protéger le pied.
Il a été décidé de ne traiter que la partie inférieure du glissement afin de stabiliser son évolution. L’intervention sur la partie supérieure à évolution lente présentait peu d’intérêt pour des coûts importants.
 
 
 
 
 
Zone aval – Partie érosion de berge
 
Fig. 7 - Partie aval du chantier : (a) avant travaux, la berge érodée retient les embâcles ; (b) pendant les travaux, mise en œuvre de la fascine vive et bouturage de la berge.Description de l’érosion
Toujours en rive gauche et à l’aval de la lentille de glissement, on trouve une érosion de la berge gauche sur une quarantaine de mètres (fig. 7). Cette érosion n’est pas dynamique et est vraisemblablement active uniquement lors d’épisodes pluvieux très importants. Le processus érosif est plus marqué sur les quinze premiers mètres à la suite du glissement alors que la partie aval, constituée de blocs/cailloux de plus gros diamètre, est plus stable. Sur cette partie, de nombreux embâcles occupent le lit (BIOTEC 2011).
 
 
Techniques retenues 
Toute la partie aval est protégée en pied de berge par une fascine de saule. La berge étant plus stable et la pente plus douce, la technique du lit de plants et plançons n’a pas été retenue ici. Au-dessus de la fascine et dans la moitié inférieure de la berge, des boutures de plusieurs espèces de saules ont été installées. Enfin, sur la moitié supérieure de la berge, moins humide, des essences forestières arbustives ont été mises en places (BIOTEC 2011).
 
Aléas de chantier : la poche d’argile
 
Le chantier s’est déroulé à l’automne 2011. À la suite d’un épisode pluvieux, les suintements au-dessus de la couche d’argile se sont amplifiés. Le sol s’est donc mis à glisser au milieu de l’ouvrage (fig. 9). Le géotextile et le premier lit de plants et plançons ont glissé dans le cours d’eau de par la fluidité des argiles gorgées d’eau. Après plusieurs essais, il a été décidé de mettre en place un caisson végétalisé sous les lits de plants et plançons à l’endroit et à la hauteur de la poche d’argile. De cette manière, une structure bois solide et un géotextile permettent de contenir les matériaux fluants, dépourvus de consistance (fig. 11).
 
Fig. 10 - Coupe transversale de la zone aval (source : BIOTEC).Fig. 9 - Mise en place d’un caisson végétalisé pour maintenir la poche d’argile.Fig. 8 - Détail de la fascine avec les branches anti-affouillement.
 
Fig. 12 - Vue de l’ouvrage au printemps suivant l’implantation.Fig. 11 - Chantier terminé au droit de la poche d’argile.