Recueil d'expériences techniques

Fig. 60 - Profil type de l’ouvrage de Montgaillard.L’érosion, forte en extrados de méandre, ne permettait pas de mettre en place une simple technique végétale de type fascine en pied de berge. Cette dernière n’aurait pas résisté aux contraintes en présence. Il a donc été décidé de mettre en place une série d’épis, eux-mêmes constitués de fascines de saules fixées par deux rangées de pieux en châtaignier. Sur la berge elle-même sont installées des couches de branches à rejets, protégées par une fascine en pied (fig. 60). 
 
 
Fascines
 
Les deux rangées de pieux sont espacées de 45 cm, les pieux sont longitudinalement espacés de 80 cm. Une première couche de branches anti-affouillement est placée sous la fascine. Puis, l’espace situé entre les deux rangées de pieux est rempli d’un mélange de branches de saules et de matériaux terreux. La mise en place des fascines se fait de l’aval vers l’amont du cours d’eau. La partie inférieure des branches (partie avec le plus gros diamètre) est placée à l’aval vers le talus, et recouvre l’extrémité fine des branches du fagot suivant.
Les fascines sont ligaturées sur chaque pieu au moyen d’un fil de fer recuit.
L’arrière de la fascine est remblayé et une seconde couche de branches anti-affouillement vient protéger la transition entre la fascine et les couches de branches à rejets. Ces espaces de transition entre techniques représentent en effet, d’une manière générale, des points de fragilité. Le géotextile est alors déroulé et les couches de branches mises en place selon les mêmes modalités décrites pour l’ouvrage de Pont-de-Labeaume (CFPF 2000).
 
L’avantage du fil de fer recuit, par rapport au fil de fer galvanisé, est de permettre son oxydation et donc sa disparition au bout de quelques années.
 
Pour les mêmes raisons, des cordes en fibre végétale peuvent aussi être employées.
 
 
Épis
 
Fig. 62 - Vue générale sur la berge restaurée.Fig. 61 - Principe de l’aménagement et disposition des épis.Un épi est un ouvrage transversal au courant, ancré dans la berge, ne barrant qu’une partie du lit de la rivière et au moins partiellement submersible. Un épi étant toujours un obstacle à l’écoulement, il est généralement plus néfaste qu’utile s’il est isolé. C’est donc souvent une série d’épis successifs qui est réalisée. Un des objectifs de ce type de réalisation est d’obtenir à terme un comblement et une végétalisation progressifs des « casiers » constitués par les intervalles entre les épis (Degoutte 2006).
Les épis modifient les vitesses et la direction du courant sur les bords du cours d’eau. Aussi, selon leur implantation ou leur orientation, on peut définir les secteurs du lit que l’on souhaite approfondir par affouillement et ceux que l’on vise à remblayer par sédimentation. 
 
Les épis mis en place à Montgaillard ne sont pas perpendiculaires à l’axe d’écoulement. Le premier épi (amont) d’une série est le plus sollicité par le courant et par les corps flottants. On réalise donc un premier épi à l’amont de l’ouvrage, orienté vers l’aval et baptisé épi de rejet ou épi déflecteur (fig. 61 et 62). Les épis situés plus en aval sont eux orientés vers l’amont, faisant un angle de 75 à 80° avec l’axe d’écoulement. L’objet de cet angle est de repousser vers l’intrados la fosse de dissipation qui se crée en crue à l’aval de l’épi. En effet, en crue, l’eau passe par surverse sur les épis et crée des perturbations importantes susceptibles de provoquer des érosions qu’il vaut mieux éloigner de la berge (fig. 64). 
Des mesures avec une lunette de chantier sont nécessaires afin de caler l’ouvrage.
Les épis sont réalisés selon le même principe que les fascines (matériaux terreux exclus), les pieux sont cependant en châtaignier (essence peu putrescible et qui ne rejette pas).
La tête des épis doit être située un peu au-dessus du niveau des basses eaux. Ceci implique que ces épis présentent une pente importante (épis fortement plongeants vers le centre de la rivière). L’espacement entre les épis est de 1,5 fois leur longueur soit 9 m dans ce cas particulier (CFPF 2000).
 
Remarques générales
 
Cet ouvrage est réalisé en techniques végétales pures sur une rivière à pente élevée avec un transport solide important. L’ouvrage résiste depuis 2000, alors qu’il a connu une crue juste après les travaux et a supporté une crue légèrement inférieure à la décennale en 2003. Il est par ailleurs régulièrement totalement submergé, au moins une fois par an. Dix ans après, les épis sont toujours partiellement présents, des sédiments se sont déposés entre chaque épi, laissant se développer une strate herbacée comprenant quelques hélophytes. Son intégration paysagère et environnementale est excellente comme le montre la figure 67.
 
Fig. 64 - La berge de l’Adour juste après les travaux (automne 1999). L’effet des épis sur le courant est perceptible.Fig. 63 - Berge de l’Adour pendant les travaux (automne 1999). Remarquez la succession d’épis plongeants, végétalisés.
 
 
Fig. 67 - La berge de l’Adour douze ans après les travaux. Le milieu alluvial est reconstitué et les traces d’une intervention ne sont quasiment plus perceptibles, critère absolu d’une intervention réussie.Fig. 66 - La berge de l’Adour quatre ans après les travaux. Les épis sont toujours visibles.Fig. 65 - La berge de l’Adour deux ans après les travaux. En période de hautes eaux, les épis sont immergés.