Recueil d'expériences techniques

L’aménagement concerne la berge droite de l’Arve en aval du seuil de Sardagne sur un linéaire approchant les 300 m. Le degré de protection des berges est décroissant d’amont en aval, au regard de la diminution significative des contraintes hydrauliques, de la diminution de la pente des berges et de l’élargissement progressif du lit et du gabarit d’écoulement. Le projet se décline en trois profils types différents, d’amont en aval :
 
 
Aménagement type A (95 m)
 
Fig. 34 - Mise en place des plants sur le premier lit de plants et plançons au début du printemps 2005.Un enrochement de pied de berge, construit et rangé avec des blocs posés un à un, également muni d’un sabot parafouille, est monté jusqu’au niveau de la crue annuelle (cote 470.97 m NGF). Au-dessus de l’enrochement, trois niveaux de lits de plants et plançons sont mis en place, renforcés par la pose d’un treillis de coco. Les remous et turbulences liés au ressaut hydraulique induit par le seuil ne permettent pas de descendre plus bas que cette cote de la crue annuelle, avec les techniques végétales. Enfin, le sommet de berge est terminé par un talutage (2V/3H), la couverture des matériaux terreux avec un treillis de coco et des plantations de plants forestiers. Ces plants contribuent à diversifier le cortège d’espèces ligneuses, constituant un nouveau cordon boisé. L’ensemble de l’aménagement (enrochement, lits de plants et plançons et sommet de talus) est également ensemencé par projection hydraulique, avec un mélange grainier d’espèces indigènes adaptées.
 
 
Aménagement type B (135 m)
 
Fig. 35 - Coupe transversale sur l’ouvrage (aménagement de type B).Le principe d’aménagement est identique au premier tronçon, à la différence près que l’éloignement progressif du seuil permet d’arrêter l’enrochement plus bas et de donner plus de place aux techniques végétales. Ainsi, sur ce tronçon, le sommet de l’enrochement est calé au niveau de la cote du débit moyen de l’Arve au cours des mois d’avril, mai et juin (470.08 NGF), à savoir pendant les crues printanières correspondant à la fonte des neige sur les hauteurs du bassin versant, notamment dans la vallée de Chamonix. Jusqu’à cinq niveaux de lits de plants et plançons succèdent à l’enrochement, puis la finition de la berge se fait à l’identique du premier tronçon (fig. 35).
 
 
Aménagement type C (50 m)
 
L’élargissement du gabarit d’écoulement de l’Arve permet ici de taluter la berge en pente douce (1V/5H) et d’approcher un profil d’équilibre facilitant la tenue mécanique des sols et leur stabilisation uniquement avec des végétaux. Ainsi, le pied de berge est aménagé d’une fascine de saules à double rangée de pieux. L’altimétrie de cet ouvrage de protection de pied de berge est calée en fonction de l’observation de la limite inférieure des ligneux existants, notamment en rive gauche (469,6 NGF). Compte tenu du fait que l’on se trouve sur un cours d’eau dynamique qui charrie beaucoup d’alluvions, la fascine est pourvue d’un lit de ramilles anti-affouillement placé sous les branches, perpendiculairement au courant. L’utilité de ce dispositif est de piéger les sédiments fins au pied de la fascine (par double effet de frein et de filtre). Ainsi, non seulement l’affouillement de l’ouvrage est évité, mais en plus, on favorise la sédimentation. À terme, se forme un bourrelet de sables et graviers fins qui protège la fascine.
Cet ouvrage de pied de berge est également muni de plançons dressés verticalement à l’arrière de la fascine. Ils permettent d’obtenir plus rapidement le développement de réseaux racinaires en profondeur et de renforcer la zone de transition entre deux techniques (ici entre la fascine et l’aménagement du talus de berge), qui constitue souvent un point de faiblesse. À l’arrière de la fascine et en complément de celle-ci, des boutures de saules sont plantées à densité élevée. Elles permettent d’obtenir un ourlet buissonnant et arbustif relativement large et dense, constitué de tiges souples. Cet ourlet est à même de freiner efficacement le courant en cas de crue, de favoriser ainsi la sédimentation et d’absorber les contraintes hydrauliques. De la mi-berge jusqu’au sommet, le talus est simplement couvert d’un treillis de coco et planté avec des plants forestiers d’espèces typiques des bords de l’Arve, qui contribuent au développement d’une ripisylve équilibrée, diversifiée et stable.
 
Fig. 38 - L’ouvrage à la fin des travaux (aménagement de type A).Fig. 37 - Fin de la mise en place des lits de plants et plançons (aménagement de type A).Fig. 36 - Le géotextile est déroulé sur le premier lit de plants et plançons.
 
Fig. 39 - L’ouvrage trois ans après la fin des travaux.