Recueil d'expériences techniques

Fig. 26 - Vue d’ensemble du projet.Compte tenu des contraintes fortes et notamment de la pente du profil en long qui présente des valeurs extrêmes pour l’utilisation du génie végétal, l’utilisation de techniques mixtes s’est révélée incontournable. Non seulement par la mise en œuvre d’un enrochement de pied, mais également par l’utilisation d’ouvrages de protection indirecte, tels que les seuils et les épis.
Le chantier a débuté par la réalisation des seuils (enrochement bétonné pour le premier et libre pour le second) pour la stabilisation du profil en long et la lutte contre le phénomène d’incision sous le pont (fig. 26). Le seuil situé plus en aval contribue également à prévenir l’affouillement au pied des futurs aménagements de berge.
 
 
Seuil amont 
 
Fig. 29 - Seuil en enrochement bétonné à l’aval du pont.La crête du seuil est légèrement incurvée pour concentrer le courant, notamment en période de basses eaux, mais également pour ne pas trop élever le niveau du lit en amont tout en protégeant les berges. Latéralement, le seuil remonte pour protéger les piles du pont. La pente du seuil côté aval ne doit pas être lisse, mais au contraire rugueuse et irrégulière pour permettre son franchissement par la faune piscicole (fig. 29).
 
 
Seuil aval
 
La crête du seuil est au niveau du lit avant travaux, il s’agit de stabiliser le niveau entre les deux seuils. Les seuils sont constitués de blocs de 700 à 1 000 litres.
 
 
Enrochements de pied 
 
La base de l’enrochement est ancrée à une profondeur d’un mètre dans le lit. L’enrochement est séparé des matériaux constitutifs de la berge par un géotextile synthétique filtre. Ce détail d’aménagement prolonge la durée de vie d’un enrochement, car il prévient la dislocation des blocs provoquée par la migration des sédiments fins constituant la berge. En effet, en cas de crue, ces sédiments sont mis en suspension, subissent une forme d’aspiration et sont entraînés par le courant.
 
Les écoulements internes qui se produisent dans les sols sont de nature à entraîner les matériaux constitutifs de la berge (érosion interne). Cela concerne notamment les particules de sol situés derrière les enrochements. Les dispositifs de type filtre (géotextiles ou couches de transition) visent à bloquer ces phénomènes. La stabilité des sols vis-à-vis de ces mécanismes est liée au respect des règles de transition d’un sol à l’autre.
 
L’enrochement est solidement ancré en profondeur, seule une rangée de blocs reste visible au-dessus du niveau du lit mineur. Ainsi, la berge aménagée devrait présenter un faciès comparable à ce qui est observable sur les berges naturelles de ce cours d’eau de montagne.
 
 
Épis en enrochements 
 
Fig. 27 - Coupe AA’ montrant l’épi en enrochement surmonté d’un lit de plants et plançons.Constitués de blocs de 400 à 700 litres, ils présentent une forme plongeante et émergent à peine de la surface du lit mineur. Leur fonction est avant tout de protéger le pied de berge de l’affouillement en cas de crue. 
Il était prévu de mettre en place des pieux vivants (diam. 10-15 cm ; l. 200-250 cm) entre les blocs au fur et à mesure du montage des épis. Ces épis devaient être enfoncés dans le fond du lit pour atteindre l’eau et le substrat.
Toutefois, les contraintes de chantier n’ont pas permis d’installer les boutures en même temps que les enrochements, ces dernières ont donc été mises en place entre les blocs à la fin du chantier (fig. 27).
 
 
Lits de plants et plançons 
 
Fig. 28 - Lit de plants et plançons en cours de réalisation. Dans le lit, les deux épis en enrochement sont visibles.Les lits de plants et plançons, installés dans le premier tronçon plus ou moins rectiligne immédiatement à l’aval du pont, reposent sur un enrochement de pied. En effet, il s’agit certainement de la technique qui se marie le mieux avec l’enrochement. Ils présentent une inclinaison de 20° par rapport à l’horizontale. Les plants et les branches ne dépassent pas la berge de plus de 25 à 30 cm (fig. 28).
 
 
Couches de branches à rejets 
 
Les couches de branches à rejets sont implantées dans la courbe plus en aval, partie la plus sollicitée lors des crues puisque, à cet endroit, la berge est susceptible de connaître une attaque frontale du courant. Les blocs rocheux de taille importante sont conservés. Ils contribuent activement au maintien de la berge.
 
Fig. 30 - Détails sur l’enrochement de pied de berge et les couches de branches à rejets.La berge est reprofilée au-dessus des enrochements de pied pour obtenir une pente de 1V/3H. La densité des branches est de 30-40 par mètre linéaire, leur longueur est supérieure ou égale à 2 m et leur diamètre est compris entre 1 et 3 cm. 
Les pieux ont une longueur supérieure à 1 m, un diamètre de 5 à 10 cm et sont battus mécaniquement. L’espacement longitudinal et latéral des pieux est compris entre 80 et 100 cm. Ils sont fixés à l’aide de fils de fer en tension, puis on procède à un battage final des pieux pour bien plaquer le dispositif au sol (fig. 30).