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6.5. Les valérianes (Valeriana spp.)
Trois espèces de valérianes sont potentiellement adaptées pour une utilisation en génie végétal : la valériane des montagnes (V. montana), à laquelle on peut adjoindre son homologue la valériane triséquée (V. tripteris), et la valériane officinale (V. officinalis).
La valériane des montagnes (fig. 14a) est une espèce de taille relativement restreinte (inférieure à 40 cm), aux feuilles ovales à lancéolées, naissant de rhizomes blanchâtres et tapissant pour la plupart le sol. Typique des éboulis, alluvions et moraines calcaires des étages montagnard et subalpin, cette espèce pionnière héliophile tolère bien l’ombre et persiste durablement sous couvert forestier de hêtraies sur éboulis (Adenostylo-Fagetum) ou d’érablaies fraîches de ravins (Lunario-Acerion).
La tolérance aux perturbations et à l’ombre ainsi que son comportement en couvre-sol font de la valériane des montagnes une espèce adaptée pour une utilisation en milieu et sommet de berge. Comme l’épilobe de Fleischer, cette espèce aura pour vocation principale de stabiliser les horizons superficiels du sol. Elle devra être complétée par l’emploi d’espèces au système racinaire pivotant plus profond.
La valériane triséquée présente globalement la même morphologie que l’espèce précédente, mais s’en différencie par ses feuilles caulinaires triséquées et ses feuilles radicales cordiformes et dentées (fig. 14b). Il s’agit d’une espèce caractéristique des milieux rocheux calcaires ombragés (Cystopteridion) pouvant également se maintenir dans les forêts fraîches de conifères de l’étage montagnard à subalpin (Abieti-Piceion), y compris sur substrats acides (sols décalcifiés). Le système souterrain de la valériane triséquée, relativement superficiel, peut atteindre 95 cm3 par pied (vol. syst. sout./aérien = 1,9). Tout comme l’espèce précédente, elle est particulièrement adaptée pour protéger les couches supérieures du sol, notamment dans les secteurs confinés ou boisés.
La valériane officinale est une espèce de grande taille atteignant parfois 2 m et présentant une importante biomasse aérienne (fig. 14c). Elle se reconnaît à ses feuilles opposées pennatiséquées. Il s’agit d’une espèce étroitement liée à la présence d’eau dans le sol à basse altitude (étage collinéen) et à une relative fraîcheur à l’étage montagnard, où elle est typique des lisières et des mégaphorbiaies mésophiles à mésohygrophiles. Comme l’épilobe hirsute, la valériane officinale est particulièrement adaptée en tant qu’hélophyte pour une utilisation en pied de berge sur des matériaux fins bien pourvus en eau, avec des contraintes hydrauliques modérées. Sa tolérance à l’ombre permet une utilisation dans des situations confinées.
Parmi ces trois espèces, seule la valériane officinale est présente dans le commerce sous forme de graines ou de plants en motte et est déjà utilisée dans des situations planitiaires et collinéennes.