Guide des espèces
Fig. 1 - Port (subsp. corniculatus).
Fig. 2 - Feuille trifoliée accompagnée de 2 stipules simulant des folioles (subsp. corniculatus).
Fig. 3 - Inflorescence regroupant 3 à 8 fleurs (subsp. corniculatus).
Fig. 4 - Inflorescence regroupant moins de 3 fleurs (subsp. alpinus).
Fig. 5 - Gousses droites (subsp. corniculatus).
Fig. 6 - Situation en contexte alluvial sur matériaux grossiers (subsp. alpinus).
Fig. 7 - Situation sur matériaux gravelo-terreux (subsp. alpinus).
Lotus corniculatus L.

Lotier corniculé

Fabacées

Description : 
- Le lotier corniculé est une espèce herbacée vivace haute de 5 à 40 cm (fig. 1).
- Les tiges, ascendantes ou dressées, sont pleines et anguleuses. Elles sont glabres à nettement velues selon les sous-espèces.
- Les feuilles sont composées de 3 folioles supérieures obovales, oblancéolées ou oblongues et de deux stipules ovales, simulant des folioles (fig. 2). Elles sont ordinairement glabres et ciliées à la marge, parfois à pilosité étalée.
- Les fleurs, jaunes à orange, généralement lavées de rouge avant la floraison, sont solitaires ou rassemblées par 2 à 8 en glomérules ombelliformes longuement pédonculés (fig. 3). L’extrémité de la carène est terminée par un bec ascendant (fig. 4).
- Les gousses, droites, mesurent de 1,5 à 3,5 cm (fig. 5).
- La floraison a lieu de mai à septembre.
- Le lotier corniculé est une espèce très polymorphe comprenant quatre sous-espèces, parfois considérées comme des espèces à part entière par certains auteurs :
subsp. alpinus (lotier des Alpes) de petite taille (moins de 10 cm), aux fleurs peu nombreuses (souvent moins de trois) devenant orange (fig. 4) et montrant une carène à pointe pourpre foncé ;
subsp. corniculatus (lotier corniculé) glabre ou peu velue, comportant de 3 à 8 fleurs jaunes (fig. 3) et à pointe de la carène jaune ou rougeâtre ;
subsp. tenuis (lotier glabre) se différencie du type par ses folioles linéaires à lancéolées plus étroites (moins de 4 mm) ;
subsp. valdepilosus (lotier hirsute) velue à pilosité étalée, parfois dense, et silhouette souvent plus grêle.
 
Distribution et vulnérabilité : 
La sous-espèce alpinus est présente dans les montagnes sud-européennes. Elle est commune dans les secteurs supraforestiers nord-alpins.
 
La sous-espèce corniculatus est présente dans toute l’Eurasie et en Afrique septentrionale. Elle est très commune dans les Alpes du Nord.
 
La sous-espèce valdepilosus, de distribution sud-européenne, est commune dans les vallées intra-alpines et plus ponctuelle ailleurs.
 
La sous-espèce tenuis, d’affinité méridionale, est présente en Eurasie et en Afrique septentrionale. Elle est rare dans les Alpes du Nord.
 
Écologie : 
- Le lotier corniculé (Lotus corniculatus) est une espèce de pleine lumière se rencontrant le plus souvent dans les milieux herbacés, mais également dans les milieux rudéraux (sur substrat sablo-graveleux) et sur alluvions (fig. 6).
- Il croît sur sur divers types de matériaux, frais à moyennement secs, basiques à légèrement acides (fig. 6 et 7).
- La sous-espèce alpinus présente un optimum écologique dans les pelouses subalpines et alpines calcicoles sèches (Elyno-Seslerietea) aux étages subalpin et alpin (jusqu’à 3 000 m).
- La sous-espèce corniculatus présente un optimum au sein des pelouses sèches (Festuco-Brometea) et prairies grasses (Molinio-Arrhenatheretea) de l’étage collinéen à l’étage subalpin inférieur (jusqu’à 2 000 m).
- La sous-espèce tenuis présente un optimum au sein des prairies humides s’asséchant temporairement (Molinion) aux étages collinéen et montagnard inférieur.
- La sous-espèce valdepilosus se développe dans les pelouses sèches (Festuco-Brometea) aux étages collinéen et montagnard (jusqu’à 1 700 m).
 
Utilisation en génie végétal : 
Le lotier corniculé (Lotus corniculatus) est largement employé dans les mélanges grainiers pour l’ensemencement des prairies, des talus autoroutiers, des berges de rivières et pistes de ski.
 
De par son développement rapide, son enracinement profond (système racinaire pivotant pouvant atteindre 1 m) et la densité de ses tiges aériennes, cette espèce offre une bonne résistance à la traction et assure une protection rapide des couches superficielles du sol. Comme toutes les fabacées, sa capacité à fixer l’azote atmosphérique permet d’enrichir rapidement le substrat, favorisant ainsi la croissance des autres plantes.
 
De par ses fleurs jaunes très attractives pour les insectes, son intégration dans les ouvrages permet d’améliorer la qualité paysagère et écologique des aménagements. Sa large amplitude altitudinale, sa tolérance au froid et à la sécheresse sont des arguments de choix pour une utilisation en rivière de montagne, notamment la sous-espèce alpinus plus adaptée pour les aménagements alluviaux à plus de 1 500 m d’altitude. Il convient parfaitement en association avec des graminées au système racinaire de type fasciculé telles que le pâturin des Alpes (Poa alpina), la canche cespiteuse (Deschampsia cespitosa), la calamagrostide bigarrée (Calamagrostis varia), la fléole des Alpes (Phleum alpinum) ou la seslérie bleuâtre (Sesleria caerulea), dont il favorise la croissance et assure une complémentarité à l’enracinement et à la couverture végétale. Il peut aussi être associé à d’autres fabacées comme l’anthyllide alpestre (Anthyllis vulneraria subsp. alpestris), le trèfle brun (Trifolium badium) ou le trèfle de Thal (Trifolium thalii) avec lesquelles il se retrouve fréquemment en milieu naturel.
 
L’utilisation régulière de cette espèce dans les aménagements et la présence de nombreux cultivars dans le commerce ont eu pour effet de créer de nombreuses hybridations et introgressions avec des souches non alpines. Il est donc important, à l’avenir, de privilégier l’utilisation de souches locales dans les ouvrages afin de limiter ces phénomènes et de favoriser la rapidité d’établissement des graines. Les sous-espèces alpinus et corniculatus sont disponibles dans le commerce et sont parfois intégrées par défaut dans certains mélanges grainiers.
 
La production en vue de la commercialisation de semences de lotier corniculé est soumise à une réglementation spécifique en France (chap. III.3.2.4).