Guide des espèces
Fig. 1 - Port dressé à arqué.
Fig. 3 - Écorce âgée devenant brun noirâtre.
Fig. 2 - Bourgeons orange sur rameau de l’année gris et luisant.
Fig. 4 - Face supérieure de la feuille munie de poils appliqués.
Fig. 5 - Feuille à face inférieure brillante et plus ou moins glabre.
Fig. 7 - Baies rouges et luisantes.
Fig. 6 - Inflorescence mâle de 10 à 30 fleurs réunies en grappe dressée.
Fig. 8 - Situation typique sur blocs calcaires en lisière d’une hêtraie.
Ribes alpinum L.

Groseillier des Alpes

Grossulariacées

Description : 
- Le groseillier des Alpes est un arbrisseau caducifolié mesurant de 0,5 à 2 m de haut (fig. 1).
- Les tiges, dressées ou arquées, sont dépourvues d’épines. L’écorce, d’abord beige à grisâtre et souvent luisante (fig. 2), devient brun noirâtre et s’exfolie avec l’âge (fig. 3).
- Les bourgeons, bruns à orange clair, sont ovales-lancéolés, pointus au sommet et pourvus de plusieurs écailles imbriquées (fig. 2).
- Les feuilles, alternes et petites (de 1 à 5 cm), sont munies de poils appliqués épars sur la face supérieure (fig. 4). Elles sont brillantes, glabres ou légèrement pubescentes sur les nervures au revers (fig. 5). Composées de 3 à 5 lobes plus ou moins incisés et dentés, elles sont portées par un court pétiole ne dépassant généralement pas la longueur du limbe.
- Les fleurs, jaunâtres et unisexuées, sont réunies en courtes grappes dressées. Les inflorescences mâles comprennent de 10 à 30 fleurs (fig. 6), les femelles de 3 à 10. Les pétales, dressés, sont 4 à 5 fois plus courts que les sépales qui sont étalés ou réfléchis.
- Les fruits sont de petites baies globuleuses rouges et luisantes mesurant de 4 à 8 mm de diamètre (fig. 7).
- La floraison a lieu d’avril à début juin.
- Le groseillier rouge (R. rubrum) et le groseillier des rochers (R. petraeum) se distinguent du groseillier des Alpes par leurs feuilles munies d’un long pétiole dépassant généralement la longueur du limbe et leurs grappes pendantes.
 
Distribution et vulnérabilité : 
Le groseillier des Alpes est une espèce eurasiatique médio-européenne. Elle est présente dans les montagnes du Centre et du Sud de la France, les Pyrénées, les Vosges, le Jura et les Alpes. Elle est absente de l’Ouest de la France et de la région méditerranéenne.
 
Elle est assez commune dans les montagnes des Alpes du Nord, notamment les Préalpes (elle est plus rare dans les Alpes internes).
 
Écologie : 
- Le groseillier des Alpes est une espèce de demi-ombre se développant dans divers types de fourrés et boisements (hêtraies, charmaies, chênaies, érablaies de ravins, pinèdes).
- Il croît le plus souvent sur des matériaux calcaires à granulométrie élevée (limons, graviers, blocs), basiques à légèrement acides, modérément secs à frais.
- Il présente un optimum écologique au sein des hêtraies et forêts de feuillus associées (Fagetalia – fig. 8).
- Il se développe de l’étage collinéen à l’étage subalpin inférieur (de 400 à 1 800 m) avec un optimum à l’étage montagnard.
 
Utilisation en génie végétal : 
Bien que déjà utilisé en plantations ornementales (talus autoroutiers, réaménagement de carrières et de décharges, aménagement de parcs et jardins), le groseillier des Alpes est encore assez peu utilisé en génie végétal pour la stabilisation des berges de rivières. Il présente cependant de nombreuses potentialités dans ce domaine.
 
Son port exclusivement buissonnant et ses nombreuses tiges souples (rejetant de souche) lui permettent de protéger efficacement les couches superficielles du sol sur de fortes pentes, lors de crues ou glissements de terrain. Supportant bien le gel et les sécheresses temporaires, il peut être utilisé jusqu’à 1 800 m sur des substrats bruts très caillouteux (fig. 8). Son enracinement superficiel et sa faible tolérance aux immersions prolongées ne permettent toutefois pas son implantation en pied de berge. Supportant un ombrage important, il peut être intégré dans des ouvrages réalisés sur des cours d’eau très encaissés. Il est aussi tolérant au sel, ce qui autorise une implantation à proximité immédiate de routes régulièrement salées l’hiver.
 
Grâce à sa production abondante de baies rouges très appréciées des oiseaux, son intégration dans les ouvrages permet aussi d’améliorer la qualité paysagère et écologique des aménagements.
 
Bien qu’il soit possible de le bouturer en pépinière, le taux de reprise très aléatoire en conditions naturelles (la probabilité de reprise est plus élevée en début d’hiver) ne permet pas de l’utiliser sous cette forme en génie végétal. L’implantation de plants en racines nues devra ainsi être privilégiée. Il pourra être intégré dans des lits de plants et plançons, des caissons en rondins végétalisés ou des plantations en sommet de berge, en association avec l’érable sycomore (Acer pseudoplatanus), le frêne (Fraxinus excelsior), le chèvrefeuille des haies (Lonicera xylosteum), le chèvrefeuille noir (Lonicera nigra), le rosier des Alpes (Rosa pendulina) ou encore le saule appendiculé (Salix appendiculata).
 
Le groseillier des Alpes est disponible dans de nombreuses pépinières. Compte tenu de l’existence de plusieurs cultivars ornementaux (« Aureum » et « Nana » notamment), une attention particulière devra être portée à la provenance des plants.
 
Le groseillier des Alpes est protégé dans certaines régions françaises (Bourgogne).