Guide des espèces
Fig. 1 - Port en touradon.
Fig. 3 - Gaine basilaire brunâtre et luisante.
Fig. 2 - Feuille rétrécie en une pointe courte au sommet.
Fig. 4 - Inflorescence lâche et pendante.
Fig. 6 - Épillets sessiles.
Fig. 5 - Inflorescence compacte et dressée.
Fig. 7 - Magnocariçaie à laiche paniculée (Caricetum paniculatae).
Fig. 8 - Aulnaie marécageuse à laiche paniculée.
Fig. 9 - Vue hivernale des touradons.
Carex paniculata L.

Laiche paniculée

Cypéracées

Description : 
- La laiche paniculée est une espèce vivace cespiteuse mesurant de 30 à 180 cm de haut et formant souvent d’imposants touradons (fig. 1).
- Les tiges sont robustes et trigones à angles aigus. Elles sont scabres sur toute leur longueur et mesurent moins de 2,5 mm de large dans le tiers supérieur. 
- Les feuilles, vert foncé, sont rudes et coupantes. Elles mesurent de 3 à 6 mm de large et sont brusquement rétrécies en pointe courte au sommet (fig. 2). Les gaines basilaires, brunâtres, entières et luisantes, ne se désagrègent pas en fibres (fig. 3).
- L’inflorescence est une panicule fauve dressée ou pendante et plus ou moins compacte (fig. 4 et 5). Elle mesure de 3 à 12 cm à maturité. Les épillets, très nombreux, sont sessiles (fig. 6). Les fleurs femelles, insérées à la base de l’épillet, sont protégées par une écaille membraneuse aiguë égalant plus ou moins l’utricule.
- Les utricules, longs d’environ 3 mm, sont bruns, luisants, nettement ailés et faiblement nervés.
- Deux sous-espèces sont actuellement décrites : subsp. paniculata et subsp. lusitanica, cette dernière étant uniquement présente, en Europe, dans la partie Ouest de la péninsule Ibérique.
- La laiche à épis rapprochés (C. appropinquata) se différencie de la laiche paniculée par ses gaines basiliaires déchirées en fibres et ses utricules mats, plus distinctement nervés. Les laiches d’Otruba (Carex otrubae) et des renards (C. vulpina) ne présentent pas de port en touradon et présentent une tige mesurant plus de 2,5 mm de large dans le tiers supérieur.
 
Distribution et vulnérabilité : 
La laiche paniculée est une espèce eurasiatique, subocéanique présente sur l’ensemble du territoire franco-suisse à l’exception de la région méditerranéenne.
 
Elle est relativement commune dans les Alpes du Nord, tout en étant plus fréquente dans les secteurs périalpins.
 
Écologie : 
- La laiche paniculée est une espèce de pleine lumière ou de demi-ombre formant souvent des groupements monospécifiques au sein des marais (fig. 7), des prés humides, au bord des lacs et cours d’eau, dans les fossés, aux abords des sources (groupements fontinaux) et dans les aulnaies marécageuses (fig. 8).
- Elle croît sur les sols humides principalement tourbeux ou tuffeux, plus occasionnellement sur des substrats argileux à sableux, basiques à légèrement acides et riches en éléments nutritifs.
- Elle présente un optimum écologique dans les magnocariçaies (Magnocaricion), notamment en situation eutrophe (Caricetum paniculatae – fig. 7) et dans les prairies grasses humides montagnardes (Calthion).
- Elle se développe de l’étage collinéen à l’étage subalpin inférieur (jusqu’à 1 700 m).
 
Utilisation en génie végétal : 
Encore assez peu utilisée en génie végétal, la laiche paniculée présente un fort potentiel pour la stabilisation des berges des rivières à l’étage montagnard.
 
Grâce à son système racinaire fasciculé dense et à son port en touffe, elle permet une stabilisation et une protection durable des sols. Implantée en pied de berge, ses touffes, formant parfois d’imposants touradons (fig. 9), permettent de dissiper l’énergie du courant lors des crues et de piéger les sédiments fins, facilitant ainsi l’installation d’autres espèces.
 
Dans des conditions optimales de développement, cette espèce peut toutefois devenir monopolisatrice et limiter la croissance des ligneux. Cette faculté constitue un atout lorsqu’il est souhaité de maintenir une berge ouverte. De ce fait, il est conseillé de ne pas la mêler aux plantations de jeunes plants forestiers ou de boutures qui sont susceptibles d’être étouffés.
 
La laiche paniculée est disponible dans le commerce sous forme de plants ou de graines. Le taux de germination des graines demeure toutefois assez aléatoire et dépend notamment de la luminosité et de l’hygrométrie du sol. Il est ainsi conseillé de l’utiliser sous forme de plants en l’intégrant par exemple dans des fascines d’hélophytes.
 
Relativement commune aux étages collinéen et montagnard (plus rare à la base de l’étage subalpin), il est aussi possible de la transplanter depuis des populations naturelles (par division de touffes), garantissant la provenance locale et améliorant la vitalité des plants. Elle pourra être associée notamment à la laiche en vessie (Carex rostrata), à la canche cespiteuse (Deschampsia cespitosa), aux calamagrostides bigarrée (Calamagrostis varia) et commune (C. epigejos), aux pétasites (Petasites spp.), à l’angélique (Angelica sylvestris), à la reine des prés (Filipendula ulmaria) ou encore au populage (Caltha palustris).