Guide des espèces
Fig. 1 - Port cespiteux.
Fig. 3 - Feuille brusquement rétrécie en pointe aiguë.
Fig. 2 - Tige épaissie à la base.
Fig. 5 - Ligule d’une feuille inférieure courte et tronquée.
Fig. 4 - Ligule d’une feuille supérieure longue et aiguë.
Fig. 7 - Inflorescence (forme vivipare).
Fig. 6 -  Inflorescence en panicule plus ou moins compacte.
Fig. 9 - Épillets souvent vivipares.
Fig. 8 - Épillets violacés panachés de blanc et de vert.
Fig. 10 - Situation sur dalle rocheuse.
Fig. 11 - Situation en contexte alluvial.
Poa alpina L.

Pâturin des Alpes

Poacées

Description : 
- Le pâturin des Alpes est une espèce vivace cespiteuse haute de 7 à 60 cm (fig. 1).
- La tige, dressée, lisse et cylindrique, est épaissie à la base (fig. 2). Elle est dépourvue de feuille dans sa partie supérieure.
- Les feuilles, à limbes courts, sont pourvues de gaines légèrement renflées. Elles sont larges de 1 à 5 mm et brusquement rétrécies en une pointe aiguë (fig. 3). La feuille supérieure est munie d’une gaine beaucoup plus longue que le limbe. Les ligules des feuilles supérieures, longues et aiguës, mesurent 2,5 à 5 mm (fig. 4). Celles des feuilles inférieures sont courtes et tronquées (fig. 5).
- L’inflorescence est une panicule de 2 à 7 cm plus ou moins compacte (fig. 6 et 7). Les rameaux sont généralement étalés à réfléchis à maturité, minces et flexueux. Les inférieurs sont solitaires ou réunis par deux.
- Les épillets, luisants, violacés, panachés de blanc et de vert, réunissent 5 à 10 fleurs (fig. 8). Ils sont souvent vivipares (fig. 9). Les glumelles sont velues-ciliées sur les bords.
- La floraison a lieu de mai à septembre.
- Le pâturin des Alpes peut facilement être confondu avec le pâturin lâche (P. laxa) et le petit pâturin (P. minor) dont les rameaux inférieurs de l’inflorescence sont appliqués contre la tige principale. 
- Il présente également de grandes similitudes avec le pâturin de Baden (P. badensis), aux feuilles très bleutées, et le pâturin de Molineri (P. molinerii) qui présente des feuilles à marges scarieuses.
 
Distribution et vulnérabilité : 
Le pâturin des Alpes présente une distribution euro-sibérienne et nord-américaine. Il est assez commun dans le Jura et les Alpes et est également recensé dans les Pyrénées, le Massif central, les Cévennes et la Corse.
 
Il est fréquent dans les Alpes du Nord.
 
Écologie : 
- Le pâturin des Alpes est une espèce de pleine lumière se développant préférentiellement au sein des prairies et pâturages d’altitude plutôt riches en matière organique. Il se rencontre également dans les combes à neige, sur alluvions et dalles rocheuses, et au sein des boisements clairs de conifères (pessières, mélézins, pinèdes).
- Il croît sur des matériaux très divers (de l’argile jusqu’au bloc), calcaires ou siliceux et a son optimum sur des sols riches en éléments nutritifs, basiques à légèrement acides, ni trop secs, ni trop humides. Il tolère néanmoins la pauvreté en éléments nutritifs et la sécheresse temporaire des sols superficiels sur dalles rocheuses (fig. 10).
- Il présente un optimum écologique dans les pâturages gras subalpins et alpins (Poion alpinae).
- Il se développe de l’étage montagnard à l’étage alpin (jusqu’à 3 600 m) avec un optimum à l’étage subalpin, mais atteint ponctuellement les étages collinéen et nival.
 
Utilisation en génie végétal : 
Le pâturin des Alpes est utilisé pour l’ensemencement des pistes de ski et la restauration des terrains de montagne. Il constitue aussi une espèce à fort potentiel pour le génie végétal en rivière de montagne.
 
Doté d’une grande amplitude écologique et d’un important potentiel de colonisation, notamment grâce à sa faculté de production de plantules par viviparité, il couvre rapidement le sol et colonise les vides créés par d’éventuelles carences de l’ensemencement. Même si son système racinaire reste superficiel, il constitue un couvre-sol important s’il est associé à des espèces à enracinement profond comme le lotier des Alpes (Lotus alpinus) ou l’anthyllide vulnéraire (Anthyllis vulneraria).
 
Sa large amplitude altitudinale (de 600 à 3 600 m) et sa tolérance au froid et à la sécheresse sont des atouts importants pour une utilisation en rivières de montagne dans différents contextes. À l’étage subalpin, il croît d’ailleurs régulièrement aux abords des torrents et montre une bonne résistance à la traction et à l’immersion temporaire (fig. 1 et 11). Il pourra être associé notamment à la fléole des Alpes rhétiques (Phleum alpinum subsp. rhaeticum), à la fétuque noircissante (Festuca nigrescens), au liondent hispide (Leontodon hispidus) ou encore au trèfle brun (Trifolium badium), avec lesquels il est régulièrement observé en milieu naturel.
 
Le pâturin des Alpes est disponible dans le commerce sous forme de graines. Pouvant être localement abondant aux étages montagnard et subalpin, il peut aussi être multiplié et transplanté à partir de la division de ses touffes, garantissant ainsi l’utilisation de souches locales et favorisant sa rapidité d’établissement. Des essais de plantation de cette espèce réalisés sur de petites zones érodées en montagne à partir de cette technique sous couvert d’une végétation pionnière préétablie ont donné d’excellents résultats (Florineth in Barker et al. 1995).