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Fraxinus excelsior L.
Frêne commun
Oléacées
Description :
- Le frêne commun est un arbre caducifolié à tronc droit et élancé pouvant atteindre 30 m de haut (fig. 1).
- L’écorce, d’abord lisse et verdâtre, se fissure et devient grise à beige (fig. 2). Les jeunes rameaux, opposés et plus ou moins aplatis, présentent de nombreuses cicatrices foliaires bien visibles (fig. 3).
- Les bourgeons sont globuleux, noirs, veloutés et mats, le terminal étant nettement plus gros que les axillaires (fig. 3).
- Les feuilles, opposées, sont imparipennées. Elles sont généralement composées de 9 à 15 folioles glabres, ovales à lancéolées, finement denticulées, subsessiles (fig. 4).
- Les fleurs, discrètes (sans calice ni corolle), sont rassemblées en thyrses terminaux denses (fig. 5). Les fleurs mâles, globuleuses, sont pourpre à noirâtres, les femelles, plus allongées, sont violacées.
- Les fruits (samares), formant parfois des bouquets denses pouvant réunir jusqu’à 150 éléments, sont pendants sur l’arbre et persistent durant l’hiver. Longs de 3 à 5 cm, ils sont composés d’une seule graine et d’une aile étroitement ovale (fig. 6).
- La floraison a lieu de mars à mai, bien avant la feuillaison.
- Le frêne à feuilles étroites (F. angustifolia) se distingue du frêne commun par ses bourgeons ordinairement bruns, ses folioles plus étroites, grossièrement et irrégulièrement dentées, généralement atténuées en coin à la base, ainsi que ses fruits disposés en grappes réunissant ordinairement moins de 20 éléments.
- Le frêne orne (F. ornus) se distingue du frêne commun par ses bourgeons grisâtres, ses folioles plus larges, moins nombreuses (de 5 à 9 unités), nettement pétiolulées, ainsi que ses fruits atténués en coin à la base.
Distribution et vulnérabilité :
Le frêne commun est une espèce européenne à large répartition. Elle est commune sur tout le territoire franco-suisse à l’exception de la région méditerranéenne.
Elle est très fréquente dans les Alpes du Nord.
Écologie :
- Le frêne commun est une espèce post-pionnière de pleine lumière ou de demi-ombre, se rencontrant dans différents types de boisements frais (chênaies, érablaies, frênaies, hêtraies, sapinières, boisements rudéraux), au bord des rivières et plans d’eau, dans les accrus et recrus forestiers (fig. 7).
- Il croît préférentiellement sur des sols profonds et riches en nutriments, basiques à légèrement acides, frais à humides, mais souvent bien drainés. Il présente un optimum sur des matériaux fins (argiles et limons), mais peut également se développer sur des substrats plus grossiers (cailloux ou blocs), notamment à l’étage montagnard.
- Il présente un optimum écologique au sein des frênaies alluviales (Fraxinion).
- Il se développe aux étages collinéen et montagnard (jusqu’à 1 500 m).
Utilisation en génie végétal :
Le frêne commun est une espèce déjà largement utilisée en génie végétal et dans les aménagements paysagers. Son bois souple et son système racinaire robuste et très ramifié (rapp. vol. syst. sout./aérien = 1,5) lui procurent une excellente résistance aux chocs et à l’arrachement. Sa rapidité de croissance et d’implantation lui permettent de protéger efficacement les sols contre l’érosion et les glissements de terrain (Kerr et Cahalan 2004). Dotée d’une très large amplitude écologique et d’une forte résistance au froid et à l’ombrage, cette espèce rustique peut être utilisée sur différents types de substrats et dans diverses conditions d’ensoleillement, jusqu’à 1 500 m d’altitude. Tolérante au sel, elle peut aussi être implantée à proximité immédiate de routes régulièrement salées l’hiver.
Bien qu’il puisse rejeter de souche (fig. 7a), son port arboré limite l’utilisation en pied de berge, car le tronc, rigide à l’état adulte, est susceptible de favoriser des turbulences. De plus, en situation escarpée, un grand frêne peut induire un effet de bras de levier, défavorable à la stabilité de la berge. En cépée, son port fourni permet toutefois de dissiper efficacement l’énergie du courant lors des crues. L’architecture de son système racinaire varie en fonction de la structure du sol (notamment selon la granulométrie) et peut ainsi être mixte (racines traçantes accompagnées de racines fasciculées) ou traçant. Sur des substrats grossiers, sa tendance à créer prioritairement des racines traçantes, notamment chez les individus âgés, nécessite de l’utiliser en association avec des espèces à enracinement plus profond.
Le frêne présentant une très faible aptitude à la multiplication végétative, il n’est pas possible de l’implanter sous forme de boutures, plançons ou couches de branches dans les aménagements. Les plants à racines nues, disponibles à faible coût dans de nombreuses pépinières, sont à privilégier. Doté d’une bonne résistance à la transplantation et étant abondamment présent aux abords des rivières à l’étage montagnard, il est aussi possible de prélever des jeunes plants provenant de semis spontanés (fig. 7b), garantissant ainsi leur provenance locale et, potentiellement, leur vitalité.
Sa capacité à produire des racines adventives permet de l’intégrer dans les lits de plants et plançons ou les caissons en rondins végétalisés, du pied (s’il est entretenu en cépée) jusqu’au sommet de berge. Il peut être notamment associé à l’aulne blanc (Alnus incana), au bouleau pendant (Betula pendula), à l’érable sycomore (Acer pseudoplatanus), au merisier à grappes (Prunus padus) et à divers saules comme les saules poupre (Salix purpurea) ou noircissant (S. myrsinifolia). La qualité de son bois en fait aussi un excellent matériau pour la réalisation des ouvrages bois : seuils, caissons (moises et longrines), pieux pour ouvrages de pied de berge.
La production et la commercialisation de plants de frêne commun à des fins forestières sont soumises à une réglementation spécifique en France et en Suisse (chap. III.3.2.4).