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Alnus incana L.
Aulne blanc
Bétulacées
Description :
- L’aulne blanc est un arbre caducifolié pouvant atteindre 20 m de haut (fig. 1).
- L’écorce, lisse, d’abord gris clair (fig. 2) devient gris noirâtre avec l’âge. Les jeunes rameaux, grisâtres et pubescents, sont légèrement anguleux.
- Les bourgeons sont arrondis, pubescents et faiblement pédonculés (pédoncule long de 1 à 4 mm), brunâtres à violacés (fig. 3).
- Les feuilles, pétiolées et alternes, sont ovales, généralement aiguës à acuminées, doublement dentées. Celles-ci sont vert foncé dessus (fig. 4) et grises à blanchâtres au revers (fig. 5). Elles présentent 9 à 15 paires de nervures latérales saillantes.
- Les chatons mâles, longs de 6 à 8 cm, pendent à l’extrémité des rameaux. Les chatons femelles sont portés par un pédoncule arqué et sont réunis par 2 à 6 sur les rameaux de la même année (fig. 6).
- Les cônes (strobiles), mesurant de 1 à 1,5 cm de long, sont ovoïdes et sessiles (fig. 7).
- La floraison a lieu de fin février à avril.
- L’aulne blanc se distingue des autres aulnes (A. viridis et A. glutinosa) par ses rameaux et bourgeons pubescents (loupe parfois nécessaire) et par ses feuilles blanchâtres au revers présentant plus de 9 paires de nervures latérales.
Distribution et vulnérabilité :
L’aulne blanc est une espèce médio-européenne périalpine. Elle est présente sur l’ensemble du territoire suisse. En France, elle s’observe dans les massifs montagneux de l’Est du pays, ainsi que dans la vallée du Rhin.
Elle est fréquente dans les Alpes du Nord.
Écologie :
- L’aulne blanc est une espèce de pleine lumière se rencontrant généralement le long des torrents et rivières (aulnaies blanches, frênaies, saulaies alluviales, etc.). Supportant mal la concurrence des autres ligneux, il ne s’observe qu’occasionnellement dans les hêtraies et les pessières où il est cantonné aux accrus forestiers.
- Il croît préférentiellement sur sols riches en bases et en azote, à forte réserve en eau. Il peut néanmoins être présent sur des terrains secs et acides. L’optimum de croissance de l’aulne blanc s’observe sur les substrats alluvionnaires grossiers, sableux à caillouteux où il s’installe en pionnier (fig. 8).
- Il présente un optimum écologique dans les aulnaies blanches (Alnion incanae).
- Il se développe de l’étage collinéen à l’étage subalpin inférieur (de 100 à 2 000 m).
Utilisation en génie végétal :
L’aulne blanc est largement utilisé en génie végétal, notamment pour la fixation des berges graveleuses et des sols soumis aux risques de glissement de terrain (réaménagement paysager de terrils ou de carrières).
Son système racinaire très étendu (racines obliques et horizontales se développant dans les horizons superficiels du sol – Kutschera et Lichtenegger 2002), sa capacité à drageonner, à rejeter de souche et à produire des racines adventives en font un élément essentiel pour la stabilisation des couches superficielles du sol, notamment sur les terrains à forte pente. Sa rapidité de croissance et d’établissement lui permet de se développer rapidement après plantation, assurant ainsi une protection immédiate des berges.
Tout comme les fabacées, les aulnes ont la capacité de fixer l’azote atmosphérique (nodosités à actinomycètes symbiotiques) permettant d’enrichir rapidement le sol et favorisant ainsi la croissance des autres plantes.
Doté de fortes résistances au froid et à la sécheresse, il peut être implanté sur des substrats bruts drainants jusqu’à 2 000 m d’altitude. Sa tolérance aux substrats grossiers (fig. 8) en fait un auxiliaire adapté pour l’aménagement des berges de cours d’eau de montagne.
Son port arboré pouvant atteindre 20 m de hauteur rend toutefois délicate toute utilisation en pied de berge (possibilité d’induire des turbulences lors de crues ou de créer un effet bras de levier sur des pentes abruptes) ou, du moins, nécessite de l’associer avec des espèces arbustives plus fortement ancrées comme le saule drapé (Salix elaeagnos), le saule pourpre (S. purpurea), le noisetier (Corylus avellana) ou l’aulne vert (Alnus viridis).
L’aulne blanc présentant un faible taux de reprise au bouturage de branches (en moyenne inférieur à 30 % – Schiechtl 1973), l’utilisation de boutures, de plançons ou de couches de branches dans les aménagements devra être proscrite, d’autant plus que la production de racines après bouturage est faible (Francis et al. 2005). Il présente néanmoins un taux de reprise élevé en bouturage de racines. Cette technique étant toutefois peu applicable en génie végétal (à développer éventuellement à titre expérimental ou dans le domaine de la restauration de milieux), les plants à racines nues devront être privilégiés (facilement disponibles dans de nombreuses pépinières). Sa capacité à produire des racines adventives permet de l’intégrer sous cette forme dans les lits de plants et plançons ou les caissons en rondins végétalisés. Il peut être associé notamment à l’érable sycomore (Acer pseudoplatanus), au bouleau pendant (Betula pendula), au frêne commun (Fraxinus excelsior), au merisier à grappes (Prunus padus) et à certaines espèces de saules comme les saules noircissant (Salix myrsinifolia), pourpre (S. purpurea) ou drapé (S. elaeagnos) avec lesquels il se retrouve fréquemment en milieu naturel.
La production et la commercialisation de plants d’aulne blanc à des fins forestières sont soumises à une réglementation spécifique en Europe et en France (chap. III.3.2.4).