Vous êtes ici
Acer pseudoplatanus L.
Erable sycomore
Aceracées
Description :
- L’érable sycomore est un arbre caducifolié au tronc droit, pouvant atteindre 20 à 30 m (fig. 1).
- L’écorce d’abord lisse, gris jaunâtre puis brun-rouge (fig. 2), se desquame avec le temps. Les jeunes rameaux, glabres, brun-gris, sont opposés (fig. 3).
- Les bourgeons sont ovoïdes, à écailles glabres, vert clair et bordées de brun (fig. 3), le terminal étant plus grand que les axillaires.
- Les feuilles, opposées, à nervation palmée, sont mates dessus (fig. 4) et vert blanchâtre au revers (fig. 5). Elles sont composées de 5 lobes triangulaires inégalement dentés, séparés par des échancrures profondes et étroites.
- Les fleurs, petites et verdâtres, sont rassemblées en panicule terminale pendante longue de 3 à 8 cm (fig. 6).
- Les fruits (doubles samares), en forme de U ou de V ouvert (angle presque droit entre les 2 samares), mesurent de 2 à 6 cm (fig. 7).
- La floraison a lieu d’avril à mai, après la feuillaison.
- L’érable sycomore se distingue des autres érables (A. opalus et A. platanoides notamment) par ses feuilles aux échancrures aiguës et ses fleurs rassemblées en panicule (et non en corymbe).
Distribution et vulnérabilité :
L’érable sycomore est surtout présent dans les régions montagneuses d’Europe centrale et orientale. Il est commun sur l’ensemble du territoire franco-suisse à l’exception du sud et de l’ouest de la France (Bretagne, Pyrénées et Côte d’Azur notamment), où il est toutefois régulièrement planté.
Cette espèce est très fréquente sur l’ensemble des Alpes du Nord.
Écologie :
- L’érable sycomore est une espèce post-pionnière ubiquiste de demi-ombre se rencontrant dans différents types de forêts de feuillus et de conifères (forêts de ravins, aulnaies blanches, frênaies, hêtraies, pessières, sapinières, chênaies-charmaies, boisements rudéraux, etc.) et accrus forestiers (en situation pionnière). Il colonise préférentiellement les secteurs à humidité atmosphérique élevée.
- Il croît sur des sols à granulométrie variable (limons, sables, graviers, blocs), généralement assez profonds, frais et aérés, basiques à légèrement acides, riches en nutriments.
- Il présente un optimum écologique dans les forêts fraîches de ravins (Tilio-Acerion).
- Il se développe de l’étage collinéen à l’étage subalpin inférieur (jusqu’à 2 000 m).
Utilisation en génie végétal :
L’érable sycomore est largement utilisé en aménagement, notamment comme arbre d’alignement en milieu urbanisé, mais aussi pour la création de haies et la restauration des terrains de montagne. Il offre également un très bon potentiel en génie végétal, en particulier pour la stabilisation des berges des rivières de montagne.
Doté d’un système racinaire ramifié très étendu, d’un fort pouvoir de régénération (rejets de souche) et d’une croissance juvénile rapide, il est capable de se développer dans des terrains à forte pente régulièrement perturbés (fig. 8). Il supporte ainsi de nombreux chocs sans que ceux-ci n’affectent significativement sa vitalité (forte capacité de cicatrisation et de régénération par recépage). La destruction d’une partie de son système racinaire ne ralentit que faiblement sa croissance et favorise même, à long terme, le développement de racines fines plus longues (Hipps et al. 1996). Résistant à l’ensevelissement, il est capable de supporter un recouvrement important de la base de son tronc par des matériaux gravelo-terreux. Suite à un recouvrement prolongé, il va créer rapidement des racines adventives utiles pour fixer les couches superficielles du sol. Certains individus peuvent ainsi supporter un recouvrement de la base du tronc de près de 30 % de leur hauteur (Schiechtl 1973). Sa grande amplitude écologique, sa résistance au froid et à la sécheresse, permettent de l’utiliser dans un grand nombre de situations, y compris sur des substrats bruts drainants jusqu’à 2 000 m d’altitude (Pandera 2006). Il est aussi tolérant au sel, ce qui autorise une implantation à proximité immédiate de routes régulièrement déneigées en hiver.
Les essais de bouturage en laboratoire à l’aide d’hormones de croissance synthétiques ont permis d’atteindre un taux de réussite de 96 % (Schiechtl 1973). Les essais de reproduction végétative en conditions naturelles n’étant toutefois pas aussi satisfaisants, l’utilisation de plants en racines nues devra être privilégiée. Sa capacité à produire des racines adventives permet d’intégrer cette espèce dans les lits de plants et plançons ou les caissons en rondins végétalisés. Toutefois, on limitera son utilisation ou on l’évitera sur les pentes trop inclinées, pour les effets de bras de levier qu’il est susceptible de produire à l’état adulte. Ce problème peut toutefois se résoudre par un entretien régulier (recépage). De par sa faible tolérance à l’immersion prolongée et la formation d’un tronc rigide à l’état adulte, il est déconseillé de l’utiliser en pied de berge. Il pourra notamment être associé à l’aulne blanc (Alnus incana), au bouleau pendant (Betula pendula), au frêne (Fraxinus excelsior), au tremble (Populus tremula) ou encore aux saules marsault (Salix caprea) et appendiculé (S. appendiculata).
L’érable sycomore est facilement disponible dans le commerce. Compte tenu de la présence de nombreux cultivars utilisés en ornement, une attention particulière devra être portée à l’utilisation de plants indigènes de provenance locale.
La production et la commercialisation de plants d’érable sycomore à des fins forestières sont soumises à une réglementation spécifique en France et en Suisse (chap. III.3.2.4).